vendredi 26 octobre 2012

L'orphelinat de Malad Creek


Déçues et frustrées de ne pouvoir rien faire pour ces gosses de rues qui nous regardent avec des yeux supplicateurs à chaque carrefour, nous avons décidé d’agir en nous engageant pour un orphelinat au Nord de Bombay car Marion, une des étudiantes françaises, connait une famille d’expatriés qui s’occupe de cette structure tous les dimanches et qui nous a proposé de les aider.

Le Swagate Ashram accueille plus d’une soixantaine d’enfants de tous âges ainsi que quelques personnes âgées rejetées par leur famille. L'objectif de cette structure est l'éducation car les enfants doivent apprendre l'anglais pour qu'ils puissent trouver un travail à leur sortie de l'orphelinat, ainsi la plupart des enfants sont scolarisés sauf ceux qui ont le sida qui ne peuvent avoir de papiers pour être admis.
Le logement, les fournitures scolaires et la nourriture coûtent 63 roupies par jour et par enfant soit moins d'un euro...Ce foyer est situé dans le district de Malad, à 45 min de chez nous dans un tout autre Bombay. Il n’est pas aisé de s’y rendre mais je ressens un peu ce parcours comme un voyage initiatique nous permettant d’abandonner notre monde afin d’en rejoindre un différent. Laissez-moi essayer de vous y emmener avec moi…

Chaque mercredi, nous partons à 7h du matin en rickshaw pour rejoindre Versova Creek, un endroit fabuleux d’un cachet inimitable d’où nous prenons un ferry pour rejoindre Malad Creek.



L’arrivée à l’embarcadère se fait par un dédale de rues étroites et animées jonchées de marchands de couronnes de fleurs en plein travail en cette période de festival. De vieux bateaux de pêche sont amarrés sur la plage et le flot de travailleurs qui les entoure atteste qu’ils sont prêts à partir en mer d’un moment à l’autre.  Des centaines de drapeaux multicolores flottent dans l’air saturé par une odeur âcre de poissons séchés et de détritus. Elle est si présente qu’elle vous prend à la gorge, inspirez un bon coup et laissez la vous envahir en avançant sur le sable souillé.



Tout autour de vous les couleurs dansent dans une agitation tranquille : des femmes et des hommes s’activent à la tâche avec rapidité et douceur. Certains charrient sur leur tête leur précieuse pêche séchée au soleil, d’autres déchargent des barques colorées de magnifiques paniers en osiers remplis de minuscules poissons blancs, certains rincent le poisson dans cette eau ultra polluée avant de vider leur cargaison dans des caisses en plastique gardées par un groupe de femmes. Des hommes viendront ensuite chercher ces caisses afin de les entreposer sur une charrette en bois qu’ils conduiront vers la ville.



Pendant ce temps, le ferry quitte Malad Creek pour venir vous chercher. Il est bondé, des femmes en saris vous regardent, certains hommes sont déjà de l’autre côté de la balustrade prêts à descendre.  Le ferry vient se poser délicatement sur le sable, une longue planche de bois est affrétée pour faire descendre les passagers puis des motos sortent du bateau, il est désormais vide, c’est à votre tour. Vous quittez doucement ce port d’une autre époque en écoutant le chant des corbeaux réclamant leur du dans une lumière rasante.


De l’autre côté de la crique, des rickshaws vous attendent. Les règles de Bombay en matière de rickshaws ne s’appliquent plus ici : montez à 5 dans l’auto en vous serrant comme vous pouvez et payez sans meter. Bien sur on vous réclamera trop comme toujours, mais ils ne voudront pas négocier un seul instant et seront solidaires les uns les autres, vous n’avez pas le choix, laissez vous donc aller. Après 15 min à travers la campagne bordée par des abris de fortune et quelques hôtels, vous arrivez à destination.

Au bout du chemin de terre, vous apercevez des petits garçons courir, un vieillard se déplacer avec sa gamelle en fer et des petites filles en train de discuter. Vous êtes repérés. Certains enfants vous sourient déjà. 
Une étrange prière est en cours : une vieille femme récite des chants catholiques impossibles à identifier dont ne vous reconnaissez seulement que quelques alléluia qui ponctuent cette prière dont la musique et le rythme ressemblent, à s’y méprendre, à un rituel hindou. Une bâche avec des petites images de Jésus entourées de cœurs roses vous ramènent néanmoins au sein de leur communauté catholique. Asseyez-vous en attendant que les enfants prennent leur petit déjeuner et dégustez un chai, le thé indien par excellence : épicé, sucré et lacté. Ne refusez pas, cela les vexerait. Des enfants viennent vous voir pour réclamer un câlin, vous demander votre nom ou vous apprendre comment faire un check indien ou la version locale du 3 petits chats, 3 petits chats, 3 petits chats chats chats, chapeau de paille, chapeau de paille, chapeau de paille, paille, paille..Une petite de 2 ans monopolise votre attention, elle a deux ans et grimpe le long de vos jambes pour se mettre sur vos genoux. Elle n’est pas légère, c’est un beau bébé potelé qui vous regarde en souriant vous montrant ses petits chicots. Aapka naam kya hai ? Vous entendez Maelle, cela n’est surement pas ça mais cela n’a pas d’importance, contentez-vous de la faire sauter sur vos genoux et de lui faire des guilis, le succès est garanti. 

Les enfants sont en rang d’oignions et attendent que les plus grands remplissent leur gamelle en fer d’une ration de riz mélangé à quelques légumes et des épices. Des petits de 6-7 ans servent le chai à l’aide d’une bouilloire dans des godets en fer, ils en mettent partout et essuient les ratés avec un t-shirt trouvé par terre. Les enfants dévorent leur assiette et certains vont se resservir avec difficulté car le tian posé sur un banc est bien plus grand qu’eux. 

Des enfants rangent les assiettes, certains balaient le sol et d’autres sont déjà en train d’aller chercher leur cartable pour faire leur devoir. Essayez vous tous par terre dans la pièce principale sous le regard des vieillards allongés sur leur lit et formez des petits groupes de niveau. Aujourd’hui vous avez le niveau 3, ils apprennent à lire et à compter. Ils vous tendent leur cahier, donnez leur des additions, soustractions et multiplications.  Ils s’exécutent en comptant sur leurs doigts, certains sont très rapides, de vrais petits génies en herbe, si seulement quelqu'un pouvait s'occuper d'eux chaque jour... Ils en ont marre, ils veulent lire désormais. Ils sortent un petit livre de lecture abîmé et commencent à lire un paragraphe chacun. Un d’entre eux a quelques difficultés, son camarade lui souffle la réponse. Vous grondez de le laisser faire en essayant d’expliquer qu’il faut décomposer le mot en plusieurs syllabes pour pouvoir lire le mot. Ils ne savent pas faire, il est écrit « engine » et ils lisent « english », ils essaient de deviner les mots, ils lisent quelques phrases sans regarder le livre, plus aucun doute, ils apprennent leur livre par cœur. Comment faire ? Enseigner c’est répéter, allons-y. Décomposez le mot, prononcez le avec eux. Vous dites « Tree » ils ne vous comprennent pas, dessinez alors un arbre sur le cahier pour qu’ils reconnaissent le mot. Ils rigolent un peu et répondent « It’s Trrrrrrrrrree ». Ok ils connaissent l’anglais mais vous allez devoir prendre l’accent indien, ça devient vital.  Quelques indices : « We want » est à prononcer « Vi Vante » et « read » est à prononcer « rrrrrrrrrrrread »


Pendant ce temps, des enfants se joignent au groupe, vous leur donner un paragraphe à lire puis ils repartent, des enfants plus jeunes viennent s’asseoir sur vous genoux et commencer à vous raconter une histoire en hindi. Vous ne comprenez rien, vous êtes si décu. Une petite fille répète sans arrêt le même mot, inquiet, allez chercher Arpit, l’étudiant indien qui vous accompagne, pour traduire.  Elle veut du chocolat. Ce n'est pas si grave. Un groupe de plus jeunes essaie d’apprendre le nom des aliments. Ils connaissent : apple, mango, tomato, potato et…Cadburry. Qu’est ce que Cadburry vient faire là ? Vous les regardez avec un air réprobateur.  « Cadburry ! » « Cadburry chocolate ! » crient-ils en cœur... Ils voient ensuite le mot et la photo de spaghettis et lisent «Maggie ». No ! It's not right ! Décomposez le mot : « spa » « gué » « ti ». « Noodles, noodles ! ». Ok, Maggie est le plus grand fabricant de noddles d'Inde, le marketing est partout…Le bruit monte, les enfants commencent à se distraire, midi approche. Faisons un jeu.

Faites un grand cercle. Le but du jeu est de se faire passer de mains en mains un gobelet pendant qu’un adolescent au centre du cercle joue du tam tam. Si vous avez le gobelet lorsqu’il arrête de jouer, vous aurez un gage. C'est parti pour une ronde endiablée. Le 1er enfant perd, il doit danser, il est timide et n’est pas content mais il gagne un petit cadeau, le 2ème chante, le 3ème récite une poésie et les autres les accompagnent. C’est génial. On change de jeu, il faut maintenant danser au son du tam tam et dès que la musique s’arrête il ne faut plus bouger et rester comme une statue jusqu’à ce que la musique reprenne. Si vous bougez vous serez éliminé. Ces enfants ont véritablement le rythme dans la peau, ils sont incroyables, vous paraissez ridicules. Le point positif c’est que vous avez moins de chance d’être éliminé, vous ressemblez déjà à un morceau de bois.

Il est déjà l’heure de partir. Les enfants se pressent autour de vous, ils réclament quelques photos souvenirs, 1,2, 3 cheeeeeeeeeeeeeeeeese ! 


See you next time teacher…  See you next wednesday guys... Vous avez déjà hâte de retrouver vos petits élèves…

mercredi 24 octobre 2012

Etre un étudiant en Inde


Quelques clés pour devenir un parfait étudiant indien

Oubliez les bons vieux bus scolaires ou le métro et contentez-vous de marcher le long de la route en criant « rickshaw, rickshaw », vous trouverez bientôt votre moyen de transport  
·         Sur le trajet au milieu des embouteillages, lisez le cas dont vous avez appris l’existence par mail hier à 23h grâce au représentant de classe qui est là pour vous faciliter la vie et vous faire réussir votre quizz
  
·        A votre arrivée, montrez votre carte d’étudiant à l’entrée du building, si vous ne l’avez pas, répétez « no hindi no hindi » au gardien jusqu’à ce qu’il vous laisse rentrer

Faites ensuite la queue pour prendre l’ascenseur, puis serrez-vous dans l’habitacle jusqu’à ce que le préposé à l’ascenseur vous dise stop. Vous vous êtes toujours demandé en lisant l’écriteau dans l’ascenseur comment 15 personnes pouvaient rentrer là-dedans, maintenant vous savez !

Détendez vous avec une petite musique que vous connaitrez bientôt par cœur

·        Montez au 9ème et dernier étage pour regarder sur un tableau dans quelle classe vous avez cours pour finalement apprendre que vous avez cours au 4ème, dégoulinez alors dans les escaliers avant de regagner un véritable congélateur, votre classe


 Au début du cours, si vous entendez E064, répondez « Present Sir », on parle de vous

·         Ne vous étonnez pas si le professeur demande de façon autoritaire à un élève d’aller lui chercher de l’eau, un café ou de lui lancer son power point, c’est le représentant de classe, il totalement est consentant.

Concentrez vous sur l’anglais de votre professeur que vous commencez à comprendre de mieux en mieux jusqu’à ce qu’un élève, puis deux, puis trois prennent la parole pour donner leur avis. Cette fois vous ne serez pas habitués à leur accent et le professeur finira par se tourner vers vous pour vous demander : « And what’s about the french students ? », souriez ça marche toujours !

Ne soyez pas choqués si au bout de 30 min des étudiants continuent d’arriver et si au bout d’une heure certains commencent à sortir de la classe et reviennent avec un sandwich, le cours dure 1h30, ça ne peut attendre

 Soyez à l’aise avec le fait que votre professeur enseigne nus pieds, cela vous donne le droit de profiter du carrelage bien frais ou de vous asseoir en tailleur sur votre chaise

·         Apprenez un tas de chose sur l’Inde et ses spécificités
Savez-vous par exemple que l’Inde est le 3ème exportateur de bœuf du monde ?
Qui l’eut cru ?

10 minutes avant la fin du cours tous les élèves communieront dans un cri que vous finirez par déchiffrer : « Ma’aaaaaaaaaaaaaam ». C’est le nom qu’ils donnent aux femmes professeurs en signe de respect et lorsqu’ils le crient de la sorte, cela signifie qu’ils veulent qu’elle arrête son cours un peu plus tôt. Béééééééééééé fidèle troupeau, défend ta foi, ta race, ton enclos ! Jamais ne trahis ton clan ! On l’a adopté aussi 

14h prenez la direction de la cantine pour le lunch time.
Vous avez 45 min pour lire le menu, ne rien comprendre, essayer de trouver sur internet une image susceptible de vous aider, choisir finalement au hasard, passer votre commande et l’attendre désespérément sans savoir à quoi cela doit ressembler. Dieu merci, le cantinier vous sortira d’affaire en criant : « Masala Masala » et en vous regardant d’un air incistant. Vous aviez commandé un Masala Dosa, prenez-le quand même, il doit savoir ce qu’il fait.



·         Régalez vous, mangez avec les doigts, soyez tranquille personne ne vous dira de manger proprement ou de ne pas mettre les coudes sur la table. Par contre on vous demandera probablement de rendre rapidement votre assiette. 1, 2, 3 Prêts ? Dévorez !

Reprenez repu le chemin de votre salle de classe, vous êtes déjà un étudiant indien..

lundi 15 octobre 2012

Voyage hors du temps au travers du vieux Nasik


Jeudi 11 octobre 2012


Le deuxième jour nous sommes allés visiter le ghât du vieux Nasik où chaque jour des centaines de pèlerins hindous viennent laver leur karma… et leur linge !

Les rives bondées de la rivière Godavari renfermaient d’innombrables beautés et partout la ferveur religieuse s’exprimait.
 Nous avons fait partie de cette communauté l’espace de quelques heures où tout ce qui s’offrait à nous était somptueux et mystique. Du don à la vache sacrée, aux stands vendant des fleurs pour les ablutions, d’une famille en deuil portant des saris blancs répandant du lait autour d’un arbre, au « gourou » vêtu d’un seul fil dans la rivière, des enfants se jetant à l’eau pour que nous les photographions bientôt rejoints par Hugo, aux prières des écoliers autour du lingam, des prêtes en dhoti aux vieilles femmes en saris, tous exprimaient leur religion qui se transformait en philosophie de vie sous nos yeux.




Nous avons déambulé béats au milieu de ce spectacle avec des sourires simples et sincères. La dilution de cendres de défunts dans la rivière fut un moment fort, ainsi que celui où nous avons fait « connaissance » d’une superbe famille aux yeux verts perçants dont jamais je n’oublierais les visages.


En continuant notre chemin, nous sommes tombés sur des vendeurs de racines, sur des lavandières s’activant pour nettoyer, essorer et faire sécher leur saris au soleil qui cognait sur les berges et sur un vendeur de bracelets en verre : enfin ! Nous en cherchions depuis si longtemps, nous les avons essayé et adopté sur le champ. Les bracelets étant soudés en un seul point le vieux vendeur les faisaient tournoyer autour de son pouce pour vérifier leur état. Notre promenade a continué au sein d’un marché de fruits et légumes, puis nous avons flâné au milieu de petites échoppes avant de visiter les temples de Nasik.





Je fus affublée d’un joli bindi au milieu du front dans le premier temple, le 2ème renfermait 3 statues en pierre noire de Rama, Sita et Lakshmana et le 3ème nous a beaucoup surpris. A l’entrée se tenait une barrière digne de Disneyland, nous avons ensuite pénétré dans le temple grâce à un minuscule couloir qui menait à la statue de Sita, un second encore plus étroit nous emmena sur les genoux près d’un superbe lingam fleuri et le 3ème nous conduisit vers la sortie non sans mal, j’avais un mal fou à passer avec mon sac à dos. Ce temple aurait pu servir à une version indienne d’Alice au Pays des Merveilles (de Marseille ?) sans problème.
Notre journée s’achevait déjà là mais nous en garderions des milliers d’images en tête.

Notre retour en seconde classe s’est déroulé parfaitement, j’ai regardé défiler le paysage montagneux parfois parsemé d’éoliennes jusqu’à ce que la nuit ne tombe en respirant le bon air frais. Cependant à chaque arrêt en gare l'odeur putride des latrines me rappelait à la réalité de l'Inde : un pays de contrastes. 

dimanche 14 octobre 2012

Promenons-nous dans les vignes à Nasik

Mercredi 10 octobre  : 



Pour parfaire notre expérience du train indien, nous avons décidé cette fois de prendre la classe Sleeper à l’aller et la « second class chair » au retour, soit les deux classes les plus basses. Nous avions seulement 3h30 à passer dans le train et l’expérience fut formidable. Nous avons échangé durant tout le trajet avec une famille de Nasik et un jeune travaillant à Bombay de qui nous avons beaucoup appris.




Le saviez-vous ?
  •         L’âge de départ à la retraite des indiens est 58 ans
  •         Les prélèvements sociaux sur le salaire sont de l’ordre de 10% en Inde.
  •         Lorsqu’un couple divorce, l’homme doit payer une rente à vie à son ex-femme sauf si elle se remarie
  •         Le dernier jour de la semaine suivant l’anniversaire de Gandhi (le 2/10) est un « dry day » ce qui signifie qu’il est impossible de se procurer de l’alcool ce jour là.
  • Les membres d’une famille indienne vivent tous ensemble. Ainsi, un neveu est considéré comme un fils, un cousin comme un frère etc …

A notre arrivée à Nasik, nous n’avons pas pu nous empêcher de prendre un seul rickshaw pour 5, ça nous manquait car c’est interdit à Bombay ça a donc le goût des vacances.
Nous avons été agréablement surpris par notre hôtel, le Rajmahal hôtel près de l’ancienne gare centrale que je recommande pour son rapport qualité/prix (moins de 15€ la chambre double).

Le 1er jour nous sommes allés visiter les vignobles de Nasik au fameux domaine Sula vineyards, la marque la plus importante du Maharashtra lancée en 1997 par un indien longtemps expatrié en Californie.
 Nous avions pris 2 rickshaws dont un a crevé sur la route. Ils l’ont tout simplement soulevé pour changer la roue, mettant presque la tête de Jésus présente sur le pare-brise à l’envers.  Mais après quelques kilomètres, la roue de secours a également crevé, nous avons donc du abandonner ce rickshaw au milieu des champs de vignes pour regagner le « domaine ». Quel choc ! Où est le château ? Est-ce ce hangar ringard en tôle ? Oui… mais le panorama était magnifique depuis leur jolie terrasse.


Nous avons visité l’exploitation puis avons dégusté 4 de leurs vins. Ils étaient très fruités avec un goût assez chimique. Seul le blanc sortait du lot. Il était cependant incroyable de pouvoir contempler des vignes ici dont quelques indiens prenaient soin accroupis dans les sillages de terre.


Nous sommes ensuite allés au restaurant de l’exploitation où nous en avons pris plein les papilles : les Murg (poulets) étaient succulents. Ce moment délicieux fut un peu gâché par le conducteur de rickshaw qui n’arrêtait pas de venir nous voir pour partir car il trouvait que nous le faisions trop attendre. .Nous avions pourtant négocié une demi-journée de rickshaw hors de prix, payé la moitié d’avance (ce que nous ne faisons jamais) et il nous  réclamait quand même 200 roupies supplémentaires pour l’attente ! Nous avons refusé, surtout que nous avions ensuite prévu d’aller admirer le lac Gangapur Dam. Une fois en route, des jeunes nous ont suivi à moto et essayaient de se rapprocher du rickshaw pour faire connaissance, le tout à 50km/h. Le moment était magique.


Le conducteur ne voulait pas prendre la direction du lac, nous leur avons donc demandé leur aide pour traduire. Après s’être énervé pendant 10 minutes, il a finalement accepté de nous y conduire en nous demandant de payer d’avance 100 roupies pour prendre de l’essence. A la sortie de la station, il nous a finalement conduit à la police : charmant. Le policier nous a expliqué qu’il était interdit d’aller au lac pour les étrangers et nous a demandé de payer le reste de ce que nous devions au rickshaw et d’attendre qu’une voiture de police nous emmène au lac. la situation devenait un peu louche et le conducteur de rickshaw sacrément agaçant. Je pensais pourtant pouvoir me fier au moins aux policiers en Inde mais il n’en est rien. Nous avons filé en faisant mine de ne pas comprendre avec le rickshaw qui nous suivait en disant : Sorry, sorry, money, money.

Nous l’avons ignoré jusqu’à trouver un nouveau rickshaw qui nous a conduit au lac. Une voiture de police nous a suivit un temps puis a disparu.

Arrivés sur place l’accès était effectivement contrôlé et nous avions besoin d’un laisser passer pour pénétrer car un barrage trône au bord du lac. Qu’à cela ne tienne, nous avons attendu que l’officier du barrage arrive et il nous a autorisé à rentrer. L’endroit était désert, nous étions entourés de collines plongées dans la pénombre et le soleil couchant irradiait le lac d’un rouge éclatant. Nous nous sommes reposés là jusqu’à ce que le soleil disparaisse derrière les montagnes. A la sortie, le fameux officier nous a demandé un petit pourboire évidemment mais c’était mérité. Nous avons regagné Nasik totalement détendus, toujours avec un rickshaw pour 5.

Mais notre journée de l'enfer des rickshaws ne s'est pas terminée là. En voulant aller au restaurant le soir, nous nous sommes fait arrêter par la police car nous étions trop nombreux dans le rickshaw, nous en avons donc prit un autre au même prix et toujours à 5 sous les yeux de la police. Allez comprendre quelque chose ! Une fois arrivés devant le restaurant conseillé par la famille que nous avions rencontré dans le train, nous avons trouvé leur choix un peu risqué, le lieu ressemblait plus à une étable qu'à un restaurant. Le conducteur nous a donc conduit vers le 2ème restaurant de la liste faite par la famille. 5 minutes après nous étions arrivés. Le rickshaw a bien entendu voulu que nous payions le double pour 5 minutes supplémentaires. Nous avons payé un tiers de plus (ce qui était un bon prix) mais il ne voulait pas l'argent, il faisait mine de ne pas en vouloir car ce n'était pas assez. On avait beau essayé de lui mettre dans sa poche, impossible. On a donc déposé l'argent et on s'est dirigé vers l'entrée du restaurant, il nous a suivit en criant et j'ai finalement clos la situation par la phrase suivante :  "I know I'have a french face and everything but we live in Mumbai so I know the price and we already paid the double so stop" Il a rigolé, m'a serré la main et est reparti. Ah ces rickshaws sont épuisants ! Vivement que nous retournions à Bombay pour ne se fixer qu'à nos chers meters. 

mercredi 3 octobre 2012

Ellora et Aurangabad


Les 34 grottes d’Ellora ont été creusées pendant des siècles par des moines bouddhistes, hindous et jaïns   Le site s’étend sur plus de 2 km et chaque grotte renferme sa part de l’histoire religieuse de l’Inde.  
 La grotte la plus impressionnante est sans doute le temple de Kailasa, censée représenter la demeure de Shiva. 

Ce sanctuaire fut creusé au marteau et au burin directement dans la falaise, 200 000 tonnes de roche auraient été évacuées ! 

On pouvait encore à quelques endroits des restes de peinture rouge qui ornait les façades et sculptures, on ne peut imaginer qu’aisément la ferveur religieuse qui devait se tramait ici.

Ici dans ce magnifique Chaitya (sanctuaire) on aperçoit Bouddha dans la position de l’enseignement


 là, Shiva danse avec sa femme Parvati 











et plus particulier, Bouddha est ici sous perfusion…












Se promener dans ce cadre magnifique nous a fait un bien fou et a été parfois propice à la méditation…





Comme à Ajanta, une cascade coulait dans un léger bruissement relaxant. On nous a dissuadé cette fois de nous y baigner en nous hurlant « It’s not allowed, it’s dangerous » alors qu’un groupe d’ukrainiens attendait manifestement notre départ pour s’y baigner sous la surveillance complice des gardes et d’un guide improvisé… N’oubliez jamais, tout est possible en Inde, il suffit d’être bien accompagné. L’eau n’était pas si belle c’était sans regret.




Au retour, nous avons négocié avec un chauffeur de jeep pour nous ramener à Aurangabad, il nous proposait un tarif moins cher que celui du bus public mais nous étions déjà 7 et il n’arrêtait pas de faire monter des gens à l’intérieur. Les poupées russes version indienne. On a alors du négocier combien de passagers il devait prendre, on est tombé d’accord sur 10 + le chauffeur. Au moment de partir il a essayé de rajouter une personne à l’avant à côté de Mélodie et moi, on a refusé, la dernière personne s’est donc assise quasiment sur le chauffeur ! Ces indiens sont vraiment incroyables !
Nous avons regagné Aurangabad avec de la musique de Bollywood à fond, je vous invite d’ailleurs à écouter celle-ci, c’est la seule dont j’ai pu me rappeler le titre car pour une fois il n’était pas si difficile : Oohh La La Oohh La La  http://www.youtube.com/watch?v=5XjpV9n25Yk.

 A 5 min de l’arrivée, une petite surprise nous attendait à un rond point : la police ! Manifestement nous étions trop nombreux dans la voiture, l’ami du chauffeur tentait de convaincre le policier que nous étions tous confortablement assis, ce qui était vrai, mais comme il continuait à remplir la contravention, il s’approché de nous et nous a demandé « Are you okkkkkkkkkkkk ? » On a répondu tous en cœur « yeaaaaaaaaaaaah » on se serait cru dans une fête foraine. Visiblement, l’ami du chauffeur déployait tous ses charmes pour payer le moins possible, on ne comprenait rien mais il devait y parvenir car il affichait un sourire triomphant, verdict : 100 roupies ! (moins d’1,5 euros)

Après diner, nous sommes tombés sur un des rickshaws qui nous avait arnaqués la 1ère nuit, nous connaissions les prix et les distances à parcourir cette fois, nous avons donc obtenu un bon prix pour le rickshaw (80 roupies) et pour nous « venger » nous sommes montés à 6 dedans (contre 3 normalement). Nous étions 4 à l’arrière et 2 à l’avant + le chauffeur qui chantait à tue-tête et qui continuait à essayer de négocier le prix malgré notre accord. On a argumenté une bonne partie du chemin, nous étions tous pliés en deux (au sens propre et figuré), ce moment était magique, un de ceux qui vous font aimer l’Inde.

Le lendemain, nous avons visité la forteresse de Daulatabad (« ville de la fortune ») perchée sur une colline surplombant à 200 m d’altitude la vallée d’Aurangabad. Cette ville aurait du devenir la capitale de l’Inde à la place de Delhi mais la pénurie d’eau réduisit à néant le rêve du roi Yadava, Tughlaq. On a eu l'occasion de se faire poser un petit bindi.


 La montée jusqu’au sommet fut rude sous la chaleur de plomb, d’autant plus qu’il nous fallait traverser un petit passage non éclairé empestant les excréments de chauve souris dont on entendait les cris stridents au-dessus de nos têtes. Je pense que ma grand-mère aurait adoré ! Nos efforts furent récompensés par le panorama splendide qui s’offrait à nous. On est resté là un moment à contempler les 5 km de remparts courants le long de la plaine vallonnée et admirant des singes qui s’épouillaient. Je crois plus que jamais en la théorie de l’évolution, regardez-les, ils ont l’air si humains ! Néanmoins je ne suis pas encore prête pour adopteunsinge.com, ils me font bien trop peur !


J’ai profité de cette petite excursion pour faire réparer mes chaussures pour la modique somme de 50 cts d’euros.







On s’est ensuite mis en route pour le mini-Taj ou Taj des pauvres. Il fut construit par le fils d’Aurangzeb, lui-même fils de Shan Jahan, le commanditaire du Taj Mahal. La ressemblance est troublante… de loin seulement, car les matériaux utilisés sont nettement moins nobles que ceux utilisés pour le Taj d’Agra. Cela a néanmoins permis à ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion d’aller à Agra d’avoir leur photo kitsch devant un (mini) Taj Mahal.











Le soir, nous avons vécu une expérience culinaire extraordinaire, nous sommes allés au Bhoj restaurant à Aurangabad, recommandé par le routard. Une petite musique s’échappait de la cuisine, telles des petites souris, nous nous y sommes faufilés pour admirer le spectacle : serveurs et cuisiniers célébraient l’ouverture du service dans une ambiance festive à laquelle nous avons pris part. Ce moment était magique car il était inattendu et comme toujours la bonne humeur des indiens était contagieuse ! Ce restaurant servait uniquement des « Thali ». Il s’agit d’un assortiment de plats servis dans des petits récipients ronds en fer disposés sur un grand plateau en fer. Avec une dextérité et une rapidité déconcertantes les serveurs remplissaient à volonté chacun de nos petits pots avec curries, chutneys, dals et autres mets aux milles couleurs. Le riz et les chapati (galettes plus fines que les nans), nous permettaient de calmer le piquant de ces plats délicieusement épicés. Gustativement et visuellement parlant c’était vraiment splendide et le prix tellement dérisoire…2,3€/personne.


Notre petit séjour touchait à sa fin sur cette bonne note. 

lundi 1 octobre 2012

Mission tatkal ou comment acheter des billets de train en Inde

Notre mission de la journée était d'acheter nos billets de train pour rentrer à Mumbai. Facile...Et bien non ! Voici un petit tutoriel qui pourrait vous être utile si vous comptez voyager en Inde. Les initiés rigolerons probablement à la lecture de ces quelques mots...
Ce tutoriel vous sera particulièrement utile si vous avez déjà du mal à saisir la différence entre IDTGV zen et IDTGV zap...


Malgré les apparences, le train ci-dessus n'est pas un train à bestiaux, il offre même des services et classes différents ! C'est assez simple, vous n'avez qu'à choisir entre second class, Sleeper, 3AC, 2AC et 1AC. Un vrai jeu pour enfants, mais pour enfants indiens alors !
Laissez moi vous guider...

- 1AC ou First Class : il s'agit du wagon le plus luxueux. Mais c'est bien connu, tout ce qui est luxueux est rare, vous n'en croiserez pas beaucoup sur votre route. Nous avons l'honneur d'être en Première dans le fameux train de Ooty, le petit train d'Anduze n'avait qu'à bien se tenir! Pour des trajets longues distances, n'y comptez pas.


- 2AC : Avec ses 2 couchettes de chaque côté du compartiment, son air conditionné glacial, son oreiller et ses draps encore chauds, la classe 2AC est la meilleure classe de votre train. Elle est aussi la plus chère. Vous aurez droit à une couverture et des rideaux vous protégeront des allers et venues incessants des agents de l'Indian Railway.
La suite vous inquiète ? Il ne faut pas.


- 3AC : Elle ressemble à la 2AC, seulement il y a 3 couchages les uns au dessus des autres de chaque côté. Et non, le wagon sera pas plus haut... et vous n'aurez pas de coussin.

- Sleeper : C'est la même chose que la 3AC mais il n'y a pas de clim, pas de draps, pas de vitres, pas de rideaux et pas de place ! Envisagez cette solution si vous êtes (très) fatigués.


- Second class : Il s'agit de la classe la plus populaire, elle ne possède pas de couchettes mais des bancs pour 3 personnes. A prendre pour un trajet de jour, ambiance garantie :)

 

 
Bien, nous avons choisi notre classe....mais l'histoire ne s'arrête pas là, voyager en Inde ça se mérite !
Saviez-vous qu'en Inde il y différents quotas pour acheter des billets ?
- General quota
- Tourist quota (génial mais il n'y a que 2 places réservées/train)
- Senior citizen quota (pas encore...)
- Tatkal quota ou quota d'urgence (48 places/train pour être exacte et ils vous coûteront 300 roupies supplémentaires pour le service rendu)

L'Inde ayant une population de 1,2 milliard de personnes, évidemment les trains sont TOUJOURS pleins et particulièrement les trains couchettes "upper class" car les places sont rares (2 wagons/train en général). Vous n'avez donc pas d'autres choix que d'utiliser les "tatkal" quota mais...ce n'est pas si simple.
Vous devez :
- 1. Faire une photocopie de votre passeport
- 2.Vous rendre PILE 1 jour avant votre départ à la gare (attention les petites gares ne vendent pas les tatkal quotas, ça sera trop simple)
- 3. Remplir un formulaire pour demander vos billets, vous ne comprendrez pas la moitié des questions mais ça viendra avec le temps.
Pour info, Berth, ça n'est pas un prénom désué mais la position de votre couchette.
En 3AC, vous aurez le choix entre lower berth, middle berth, upper berth, side upper berth et side lower berth. Lower, vous serez en bas, middle au milieu et upper en haut. Side signifie que vous serez tranquille, prenez ces places si vous le pouvez.
- 4. Attendre dans la bonne file le top départ de l'ouverture des guichets tatkal à 10h dans tout le pays.
Prévoyez donc d'arriver à 9h et avant d'entrer dans la gare avec le sourire, regardez s'il n'y a pas une petite file indienne de 100 personnes qui vous attend dehors. Les policiers se chargeront de vous faire sortir à 9h55 de la gare pour vous dire de faire la queue comme tout le monde et de prendre le numéro 101..
- 5. Restez en ligne, ne commencez pas à regarder si les personnes devant vous souhaitent prendre le même train que celui que vous prévoyiez de prendre et n'essayez pas de calculer s'il en restera pour vous, croisez juste les doigts. L'Inde sait défier les statistiques et autres probabilités.

1h30 après notre arrivée, nous avions donc nos billets en poche, la journée pouvait commencer !

Mais parce que vous êtes de sacrés veinards, vous aurez parfois la possibilité d'acheter vos billets sans passer par le Tatkal quota. L'indien au guichet vous a fait de grands gestes, avec son accent vous n'avez rien compris, il vous a donné votre ticket et insouciants vous êtes repartis heureux. Et pourtant...un vicieux "WL 58" s'est immiscé sur votre ticket..Bravo ! Vous êtes la 59ème personne à avoir acheté ce ticket...vous êtes sur Waiting List.
Si votre voyage est assez éloigné dans le temps ou s'il s'agit d'un train de jour, vous avez toutes vos chances d'avoir une place, pour cela, il suffit de consulter régulièrement le site http://www.indianrail.gov.in pour être informé des désistements. Par contre, si votre voyage a lieu demain, vous risquez de dormir debout. Si vous êtes 2, pas de panique, rendez-vous à la gare, patientez 1 heure, remplissez un énième formulaire et demandez à transformer vos billets en "tourist quota", sinon optez pour la mission Tatkal !