jeudi 29 novembre 2012

Jour 3 & 4 : Coonoor, La ville aux milles couleurs

Nous avons quitté Ooty tôt dans la matinée pour nous rendre à Coonoor, une autre station climatique du Tamil Nadu ignorée par les voyageurs pressés. Nous avions prévu ce voyage dans les montagnes autour d’une envie majeure,  celle de prendre le petit train à vapeur qui serpente le long des versants des monts Nilgiri. Ce jour tant attendu était enfin arrivé.



Bien installés dans notre wagon vitré nous permettant d’admirer le paysage aisément, nous avons attendu les coups de sifflet de la locomotive indiquant le départ imminent du train. Doucement, le train s’est alors mis à glisser sur les rails dans un tintement caractéristique des vieux wagons.  Il a filé pendant 19 km sur les routes sinueuses séparant les deux villes en traversant d'épais bois, collines et villages colorés. A chaque arrêt en gare, des vendeurs de Chai et de biscuits divers et variés proposaient leurs collations par la fenêtre tandis que les voyageurs allaient et venaient sur le quai. Au moment de repartir, les chefs de gare et du train brandissaient un drapeau rouge vite remplacé par un drapeau vert indiquant la remise en route du train, les sifflements de la locomotive fusaient alors pour accompagner ce nouveau départ. Contre toutes attentes le train ne sifflait pas trois fois… Nous avons voyagé une grande partie du trajet la tête à la fenêtre, cheveux au vent, humant ce bon air tout contemplant la trajectoire du train qui se dessinait à travers la forêt jusqu’au terminus : Coonoor.


A notre arrivée sous une température nettement plus élevée qu’à Ooty, nous avons fait une longue ascension pour rejoindre notre hôtel perché sur les hauteurs de la ville. Malgré la lourdeur de nos sacs, nous en avons profité pour admirer cette ville ultra colorée et grouillant d’activité.
Nos chambres étaient assez rudimentaires et n’avaient pas de douche synonyme du retour du lavage au seau. Vous auriez du voir la tête de Bernhard lorsque nous lui avons annoncé, lui qui a pris une chambre au Taj Hôtel (le palace le plus luxueux de Bombay) en rentrant de Goa parce qu’il avait besoin de se relaxer après 4 jours de voyage harassant à se baigner et à faire du scooter. Néanmoins le balcon donnant sur des plantations de thé et la mention « A cause d’une menace de singes, les résidents sont priés de verrouiller leur porte avant de quitter leur chambre » valaient toutes les douches du monde.

A midi, nous avons profité du temps superbe pour manger dans le jardin de l’hôtel ce qui est assez rare en Inde car les indiens préfèrent manger à l’intérieur à l’abri du soleil et au frais de la climatisation. Et cette fois, Ludmilla et moi avons fait une erreur culinaire, nous avons pris respectivement un veg Korma et un Dum Aloo Bananari qui se sont avérés être des plats sweet à base d’une sauce blanche genre béchamel sucrée dans laquelle sont mélangés légumes et fruits, définitivement pas nos préférés…


Nous nous sommes ensuite baladés dans cette jolie ville aux maisons oranges, roses, bleues, violettes, blanches et vertes perchées sur les flans des collines.  Nous avons ensuite fait un tour au marché dans lequel flottait une subtile odeur de jasmin. En continuant notre chemin, nous avons remarqué que les indiens du sud avaient une peau beaucoup plus foncée que les indiens nous avions rencontré jusque là, d’ailleurs, ils ne portaient pas de bindi rouge foncé comme d’habitude mais un bindi blanc ou jaune tranchant avec leur superbe couleur de peau.



Nous avons également remarqué d’étranges dessins au sol devant le seuil des maisons et sur le parvis de l’église principale de la ville. Il s’agit de l’art du Kollam, un art traditionnel du Sud de l’Inde, exécuté exclusivement par les femmes dont la technique se transmet de mère en fille. Ces dessins représentent des figures géométriques mêlées à des fleurs qui sont tracés à l’aide de pigments et de poudre de riz. Le Kollam est généralement exécuté à l’aube et est placé devant les habitations en guise de bienvenue ou près des divinités en guise de prière. De par leur nature éphémère, les kollams sont vite balayés par les vents ou détruits par les pas des passants, il faut alors sans cesse les renouveler.


Nous sommes ensuite allés visiter le Sim’s Park, un joli jardin botanique calme où nous avons fait la rencontre d’un animal non identifié mais si mignon… Est-ce que quelqu’un peut me renseigner ??

Le soir ont commencé les festivités en prévision de Diwali ayant lieu le lendemain. Partout dans la ville éclataient des pétards et fusaient feux d’artifice que nous avons contemplé sans nous lasser, seul le froid, arriva à nous tirer de cette féerie…

Le lendemain, nous avons loué des taxis pour visiter les alentours de Coonoor et les points de vue remarquables dont le Dolphin’s Nose, le Lamb’s Rock et les Catherine Falls. Bien que très lumineux, le temps ici aussi était très variable, il était souvent impossible de voir les figures censées se dessiner sur les flans des montagnes, ceci donnant une allure surréaliste au paysage. 



J’ai déjà eu l’occasion de vous conter ma peur viscérale des singes mais comme toujours depuis le début de cette aventure en Inde, j’avais décidé de me dépasser et de braver cette peur. Mon idée était donc de prendre une photo à côté d’un singe qui se tenait sur un pilier. Pas très rassurée, j’ai d’abord demandé à Thibault de tester la chose pendant qu’Hugo le photographiait, voyant que tout se passait bien je me suis avancée pas à pas, un peu crispée. J’ai vérifié sur l’écran que le résultat était satisfaisant avant de demander une dernière photo, que voici, en essayant de faire une allusion d’optique comme si le singe était posé sur ma tête. Quelle erreur… Un indien est passé à côté de moi avec de la nourriture dans la main visiblement, le singe est alors descendu de son perchoir pour se aller dans sa direction. L’indien a alors lâché la nourriture ce qui a attiré un autre singe qui s’est précipité sur mon sac à dos que j’avais laissé à terre le temps de la photo.  Il l’a regardé, a cherché ce qu’il pouvait faire avec, a regardé mon visage paniqué puis a commencé à ouvrir la poche avant de mon sac en sortant un mouchoir. Là j’ai imaginé le pire, que le singe trouve mon porte monnaie et s’enfuit avec mon seul moyen de paiement, ma carte bleue. Prise de panique j’ai alors avancé le pied vers le singe pour le faire fuir, ce qui n’a pas marché. Il a fait un mouvement de dégagement avec le bras avant d’avancer vers moi en me faisant une sorte de Haka version singe en grognant et en me montrant les dents. Ce moment m’a paru duré des heures tellement j’étais effrayée. J’ai crié sur lui en essayant une nouvelle fois de m’approcher pour reprendre mon sac. Il me regardait si méchamment que les indiens à leur tour paniqués m’ont conseillé de ne plus bouger et m’ont demandé de ne pas crier. Thibault a alors fait diversion le temps que je ne m’échappe et que Bernhard puisse récupérer mon sac. Je suis restée sous le choc jusqu’à ce que je ne regagne la voiture, une belle Ambassador blanche de laquelle je me suis hâtée de fermer les fenêtres. Moralité de l’histoire rien que l’évocation du mot singe m’hérisser désormais les poils et l’opération affrontement de ses peurs dans le but de les faire disparaître (cf. Méthode Ludmilla) a été un cuisant échec !
Non contente de cette infructueuse expérience, j’ai tout de suite accepté lorsque le chauffeur a proposé que quelqu’un aille sur le toit de la voiture pour admirer le paysage. Bien tenue au porte bagage, j’ai alors regardé la route défiler devant nous en profitant de cette vue à 360°. Je riais aux éclats de cette situation et à chaque fois que nous croisions une voiture, les indiens me saluaient en rigolant. Cette expérience fut des émules et bientôt l’autre voiture s’arrêta pour faire monter deux passagers sur le toit. Ils entamèrent alors une bataille de pistolets à eau à travers ces routes montagneuses, un grand moment !



En venant à Coonoor, nous n'avions rien de particulier en tête mais nous avons adoré nos deux jours ici, cette ville fut une réelle bonne surprise.



mercredi 28 novembre 2012

Jour 2 : Ooty et les monts Nilgiri

Ooty est la principale station climatique du Tamil Nadu et est considérée comme the « Queen of Hills ». Les anglais venaient y prendre un bol d’air frais lorsque la température des plaines devenait trop écrasante durant les mois de chaleur. Arrivés vers 23h, le froid nous saisit dès notre sortie du bus. Autour de nous les indiens étaient vêtus de polaires et de bonnets, une image singulière pour l’Inde que nous connaissions. Nous avons passé une nuit fraîche cachés sous de grosses couvertures dans notre lit douillet.

Au matin quel plaisir de nous réveiller et de contempler la magnifique vue que nous avions depuis notre chambre. Un lac ensoleillé entouré de sapins s’offrait à nos yeux, nous nous étions de nouveau dans une autre Inde et nous respirions un air pur et frais… Un petit bonheur.

Nous avons pris un gros petit déjeuner, comme un de ceux que l’on a aux sports d’hiver pour tenir toute la journée. La serveuse de notre maison d’hôte avait tressé ses cheveux très noirs et était chaudement habillée, elle ressemblait étrangement à l’idée que l’on se fait des femmes d’Amérique latine. Nous nous sommes ensuite mis en marche accompagnés d’un guide pour un trek d’une journée. Nous avons traversé des champs d’Eucalyptus, des champs de thé, des villages très colorés, nous avons croisé un berger de chèvres qui avait 6 orteils, une femme magnifique ramassant du thé à l’aide d’outils inconnus, nous avons contemplé les monts Nilgiri ou montagnes bleues à travers les nuages mais surtout et comme toujours nous avons appris et partagé…




Pour le lunch, nous avons mangé dans un restaurant d’altitude au milieu des montagnes. Je sais que plusieurs d’entre vous à l’évocation de ce terme imaginerons un restaurant façon « ski bar » sur les pistes, mais vous n’y êtes pas du tout ! Imaginez plutôt une minuscule baraque faite de bois et de chaux très rudimentaire version maison de Blanche Neige. Remplacez dans votre esprit les frites par du riz servi avec des papads (galettes croustillantes), Dal et légumes. Oubliez également les couverts et pensez à un repas dégusté avec les mains sur une simple feuille de papier journal : un vrai délice. Nous avons essayé d’adopter diverses techniques pour manger le plus proprement possible et ce, en utilisant seulement notre main droite car la gauche est réservée aux actes impurs pour les indiens (je ne vous fait pas de dessins J) Le résultat n’était pas toujours probant mais l’essentiel était de profiter de notre petit moment de bonheur dans ce lieu hors du temps. La reprise de la marche fut difficile après ce bon repas mais les paysages furent magnifiques. Pour nous réconforter à la fin du trek, nous sommes retournés dans cette auberge pour prendre un bon chai qui brûlait dans une marmite en cuivre sur un réchaud ancestral. Nous y avons retrouvé toutes les personnes qui nous avaient marquées dans la journée (la coupeuse de thé, le berger, des villageois…) et nous avons pris des photos, essayé de nous comprendre…


En rentrant à la ville, nous avons acheté du fameux chocolat du Tamil Nadu qui s’est avéré très bon puis nous sommes retombés en enfance en faisant du pédalo sur le lac. Admirez ces belles embarcations toutes neuves ! Le crépuscule approchait lentement sur le lac amenant avec lui le froid de la montagne dont nous avons profité allègrement lors d’une superbe balade nocturne dans l’agréable Ooty by night.


Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici quelques infos glanées à notre guide durant le trek :

-  -     Le thé n’est pas orginaire d’Inde comme on pourrait le penser mais il provient de Chine et il a été implanté par les anglais sur les versants indiens. Pour preuve, le mot chinois pour thé est Cha (prononcé Chtra) et en hindi, c’est Chai, un mélange entre Cha et Tea.

-          Le fait que le thé soit noir, vert ou blanc ne dépend pas de la variété mais de la façon dont il est traité. Par exemple, le thé blanc est issu de la plus jeune pousse du plant de thé et on peut faire du thé vert avec les feuilles qui l’entoure.

-          Le thé a besoin d’ombre pour pousser ainsi des arbres sont plantés au milieu des champs de thé pour qu’en été les plants soient protégés, en période de mousson, les arbres sont taillés pour laisser passer la lumière en cette période nuageuse

-          Le climat d’Ooty est très variable, les nuages vont et viennent  si rapidement qu’il a été surnommé the Lady Climate par les anglais.

-          Des ethnies ancestrales vivent encore dans les monts Nilgiri, leurs habitants parlent des langages différents et sans l’hindi ou l’anglais pour les souder, ils ne peuvent pas se comprendre ce qui donne lieu à des conflits communautaires.

-          Une bonne partie des pastilles contre les maux de gorge que nous avons en occident sont issues d’huile d’Eucalyptus d’Ooty.

-          Le chocolat est produit dans le Tamil Nadu car ses températures fraîches permettent de mieux le conserver

Et pour tous les amateurs de dessins animés qui avaient un doute, ce n'est pas Ooty et les cafards mais Oggy.. A bons entendeurs, à bientôt !

vendredi 23 novembre 2012

Notre Diwali break

Diwali, ou fête des lumières, est l'équivalent de notre noël pour les hindous. Pour l'occasion, les indiens rentrent chez eux pour célébrer cette fête en famille, n'ayant pas de famille dans les parages, nous avions donc 9 jours de break pour découvrir Mother India.
Le planning était chargé mais ce voyage tant attendu résonnait déjà comme une promesse de bonheur. Nous allions visiter un palais de Maharaja, gravir les montagnes du Tamil Nadu, nous baigner dans les eaux du Kerala, naviguer sur les backwaters et pêcher à Cochin.

D-Day : 9 novembre 

Après notre cours de Brand Management et une séance photo avec notre professeur portant ce jour-là un saree magnifique, nous avons fait route vers l’aéroport de Mumbai. Il était bondé en ce jour de grand départ en vacances mais nous étions heureux de faire partie de ces voyageurs du « Diwali break » comme de vrais indiens. Nous avons atterrit à Bangalore où nous avons rejoint Delphine et Johanna, deux étudiantes d’Euromed en échange à Delhi qui se joignaient à nous pour ce voyage. Sur le trajet pour rejoindre le centre ville, Bangalore nous a fait l’impression d’une ville très moderne, dynamique et ordonnée. Les nombreux buildings vitrés appartenant à des multinationales nous plongeaient dans un autre univers : celui de la technologie imprégnant cette « Sillicon Valley indienne », seule notre arrivée à la gare routière, nous ramena à la réalité indienne et à son fouillis.  Notre bus devant arriver à minuit à Mysore n’arriverait finalement qu’à 3h30 du matin, nous allions donc passer une partie de notre première nuit dans le bus : le périple commençait.

Jour 1 : Mysore, la majestueuse

Arrivés au beau milieu de la nuit, nous avons dû réveiller le manager de l’hôtel et…Malesh, un employé qui avait visiblement du mal à se réveiller et qui deviendra très vite notre mascotte.

Mysore est connue pour son magnifique Palais du Maharaja considéré comme l’un des plus beaux de l’Inde. Ce luxueux palais du XXème siècle abrite encore la famille royale et quelques fastes cérémonies où éléphants parés d’or et chaises à porteurs rentrent en activité pour replonger Mysore dans son passé flamboyant. Carreaux de mosaïque, vitraux somptueux, chandeliers raffinés, plafonds peints et objets précieux nous ont transporté l’espace d’un instant quelques années avant l’Indépendance de l’Inde, au temps des Maharajas.

Mysore est également connue pour sa production de soie, d’encens et de bois de santal. Nous avons eu droit à plusieurs démonstrations de confection de bâtonnet d’encens dont les femmes les plus habiles arrivent à en produire 7000 par jour. L’extrait de bois de santal, par exemple, se présente sous la forme de poudre, il est d’abord mélangé à une autre poudre collante puis l’artisan rajoute de l’eau à ce mélange ce qui le transforme en pate collante qui est ensuite roulée autour d’un bâtonnet de bambou avec l’aide de la pomme de main jusqu’à ce que le surplus soit évacué.


Nous avons flâné ensuite dans un marché très typique de fruits et légumes et de marchandises indiennes (Huiles essentielles, bracelets de verre, poudres colorées, sacs de toile, pans…). Les pans sont des feuilles végétales mâchées après les repas principalement par les femmes qui se transforment en jus rouge sous la pression des dents, un super dessert saignant ! Ces feuilles sont également chiquées par les hommes qui rajoutent du tabac et des épices à l’intérieur, ce Pan est alors appelé Masala Pan, masala voulant dire épice. Les rickshaws de Bombay notamment en confectionnent de très forts qui font l’effet d’une drogue ce qui les rend un peu groogy, les fait cracher rouge mais leur fait oublier leur pénible condition d’hommes coincés durant leur vie entière dans les terribles embouteillages de la ville.




En fin de journée sous un soleil de novembre magnifique, Ludmilla et moi, nous nous sommes assisses au milieu du marché et nous avons regardé la vie défiler devant nous.. Certains marchands rangeaient leurs légumes en petits tas réguliers prêts à l’achat, d’autres retiraient les surplus de pelures des oignons avant de les empaqueter et d’autres encore confectionnaient avec des feuilles de bananiers des lits douillets pour des régiments de bananes destinés à l’export. Nous ne nous lassions pas de ce spectacle mais très vite est venu le temps de prendre un nouveau bus pour rejoindre Ooty, une ville perchée dans les montagnes du Tamil Nadu. 

lundi 19 novembre 2012

Un petit message en passant...

Chers tous,

Je suis désolée de ne pas avoir alimenter mon blog ces dix derniers jours, nous étions en voyage dans le Sud de l'Inde pour fêter à notre manière Diwali, le noël hindou.
Rentrée à 2h ce matin, j'ai enchaîné sur une journée de cours suivie d'un entretien pour un stage...
Ma semaine s'annonce très chargée, j'essaierais de vous raconter mes aventures au plus vite mais croyez-moi vous ne serez pas déçus... Palais de Maharajas, montagne, plage et rivière : il y en aura pour tous les goûts !
Je vous promets également des récits sensations car comme toujours nous avons vécu de sacrées aventures !
A très vite !


vendredi 9 novembre 2012

Un goût de Paradis à Goa


Je ne sais par où commencer pour vous raconter ces superbes 4 jours que nous avons passés à Goa, un petit état de l’Inde du Sud colonisé par les portugais au XVIème siècle. Goa est reconnu pour ces plages ensoleillées, ses noix de cajou, son exonération de taxes, sa population hippie et sa tolérance…aux maillots deux pièces !  Après près d’un mois sans voyage et aucun bain de mer depuis notre arrivée en Inde, c’est exactement ce qu’il nous fallait pour célébrer la Toussaint et essayer de rendre jaloux certains d’entre vous…

Jeudi 1er novembre : Nageons dans la mer d’Oman

Après 13h de bus, nous avons bullé sur la grande plage de Baga, au nord de l’Etat. Des orages étaient prévus mais nous avons réussi à passer à travers les gouttes et malgré la grisaille nous nous sommes jetés dans la mer comme si c’était notre première fois. Le plaisir de pouvoir nager, marcher en paréo et nous allonger sur la plage sans être (trop) regardés ou harcelés nous a procuré une sensation de liberté d’une valeur inestimable. Je dois vous préciser que j’ai réussi à mettre une robe seulement deux fois depuis mon arrivée en Inde et ce, malgré les 32°C affichés au compteur. Vous comprendrez donc aisément que pouvoir enfin se mettre en maillot était une grande récompense.  Bien sur on nous a pris en photo, bien sur on a essayé de nous vendre des babioles en pagaille mais qu’importe nous étions en vacances. Notre seule préoccupation était la recherche de la paillotte parfaite pour déguster des curies de poisson ou de crevettes sur la plage. Ce week-end marquait l’ouverture de la saison touristique à Goa, ainsi partout des travailleurs s’attelaient à la construction de huttes de paille et de bambou qui accueilleront bientôt des milliers de touristes qui envahiront ces plages jusqu’à lors désertées pour faire la fête, s’amuser et se relaxer.

En bons touristes, nous avons loué un banana boat (un gros boudin gonflable tracté par un bateau dont le but est de rester le plus longtemps dessus). Etant donné que la plupart des indiens ne savent pas nager, deux plagistes ont insisté pour nous accompagner au cas où les gilets de sauvetage de suffiraient pas, en réalité, ils étaient là pour nous éjecter dès qu’ils en avaient l’occasion. Femmes à la mer à bâbord! C’était parti pour 20 minutes de fou rire car il fallait ensuite remonter sur le boudin et ce n’était pas si facile ! Plus on riait, moins on y arrivait, j’avais l’impression d’être un vrai chamallow.

Le soir, nous avons diné au « Poisson Rouge » un superbe restaurant à Baga tenu par des expats français installés à Goa depuis 7 ans. Le site et la décoration étaient magnifiques et la nourriture, délicieuse. J’ai craqué pour du… bœuf servi avec une fine sauce au gingembre. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas mangé de la « French cuisine ». En discutant avec les gérants nous avons appris qu’ils avaient l’habitude d’avoir des stagiaires de l’école de commerce de Rouen pour développer leurs activités à Goa et qu’ils étaient à la recherche d’un nouveau stagiaire pour janvier. J’en ai vu certaines charmées par cette proposition mais je vois ça d’ici sur le CV :
Janvier-Juillet 2013 : Assistante Marketing/communication au Poisson Rouge, Goa, Inde
-          Mise en plage, euh…en place, d’une stratégie marketing
-          Networking lors de soirées transes
-          Organisation d’événements sous les cocotiers

Nous avons ensuite marché sur la plage profitant des ions négatifs avant de sortir en boite. Merci à Ludmilla de nous avoir bien fait rire en perdant ses chaussures sur la plage 5 min avant de rentrer dans le club. Etant donné que tout est possible en Inde, elle a simplement acheté des tongs sur la plage pour rentrer dans la boite de nuit, et ce, sans aucune difficulté.
Un étage de la boite était réservé aux filles, comme c’est souvent le cas en Inde, nous avons donc dansé avec des indiennes en essayant d’adopter leur façon de se déhancher. Ce n’était pas triste, ils ont vraiment une façon de danser qui leur est propre : Imaginez un mix entre de la danse façon Shakira et celle de Bollywood puis ajoutez un peu de tectonique et vous pourrez vous faire une idée de leur façon de danser en discothèque. C’est bizarre mais on adore, ils ont tellement le rythme dans la peau !

Vendredi 2 Novembre : Promenons nous sous les cocotiers



La journée commença avec un plongeon dans la piscine de l’hôtel et un jus d’ananas fraîchement pressé. Nous avons ensuite loué des scooters pour se balader le long de la côte… Nous avons roulé les cheveux au vent en humant l’air marin mêlé à une odeur d’herbe coupée. Nous avons traversé de jolis petits villages puis des quartiers entiers de magasins pour touristes. Le refrain bien connu « See my shop, see my shop » nous avait manqué.

Nous avons élu domicile sur la plage d’Anjuna où nous avons fait la rencontre des vrais locaux : les vaches ! Elles lézardaient au soleil au milieu des touristes, le plus souvent tatoués des pieds à la tête. Nous avons nagé dans l’eau chaude de la mer d’Oman pendant près d’une heure, bercés par les vagues et la musique techno qui sortait des paillottes de plage. Nous étions quasiment les seuls dans l’eau, aucun building à l’horizon, aucun jet ski, un petit bout de paradis préservé. 

Mélodie et moi avons cédé aux rabatteuses de plage pour nous faire des tatouages au henné sur le pied. Ces femmes utilisaient un petit bâton pour appliquer ce henné très foncé en faisant apparaître des arabesques qui maquillaient nos pieds à merveille. 

Nous avons ensuite mangé des poulets en tous genres face au soleil rasant se couchant petit à petit sur cette plage de rêve.

Le soir nous avons promené en scooter pour rejoindre Vagator au nord de Goa. La promenade en soit valait le coup, nous avons roulé au milieu des vaches, klaxonné pour avertir d’un dépassement, indiqué avec le bras que nous allions tourner, mis de l’essence à l’aide de bouteilles en plastiques achetées sur le bord de la route. Nous avons cherché un restaurant pendant 1h que nous n’avons jamais trouvé puis un bar qui était fermé, la soirée aurait pu être gâchée MAIS nous sommes finalement tombés sur un restaurant face à la mer dont nous étions les seuls clients de la soirée. La plage était déserte, plongée dans le noir dont seuls une petite paillotte et un feu de branchage éclairaient la baie. Quelque chose d’impensable sur nos côtes bétonnées et surpeuplées : le paradis. Tout était parfait… jusqu’à ce que sur la route du retour nous nous fassions (encore) arrêter par la police. Nous n’avions pas de casque, nous n’avions pas nos papiers et nous n’avions pas notre permis de conduire non plus mais nous étions en règle aux yeux des policiers indiens. Un policier munis d’un vieux fusil automatique nous a quand même alerté sur le fait qu’on était censé avoir nos permis de conduire pour louer des scooters puis il nous a demandé où nous avions prévu d’aller faire la fête, apparemment il connaissait un endroit super… Il nous l’a indiqué et nous a laissé repartir sauf que le scooter d’Hugo et Mélodie ne démarrait plus.


Petrol Petrol Petrol ! Oooooooook… il est minuit, allons explorer la campagne indienne à la recherche d’une petite bouteille de pétrole. Aux vues du nombre d’échoppes bordant la route ça ne devrait être si difficile… Pourtant pas une seule bouteille posée sur un mur indiquant qu’il était possible d’en acheter à cet endroit n’était en place à cette heure tardive. Nous étions à l’affut de la moindre source de lumière et avons demandé du pétrole à 2 restaurants, un groupe de jeunes buvant des bières sur leur terrasse, à un poste de police, à un monsieur à moto, mais rien n’y faisait. Nous avons fini par trouver une station essence, fermée bien sûr. J’ai cherché la pompe 24h/24h en vain (en voilà une idée de business développement !) avant de me faire héler par un vieil indien qui dormait sur un banc près des pompes à essence : « No petrol no petrol ! » J’ai quand même essayé de lui dire que j’étais prête à payer deux fois le prix pour qu’il nous trouve une bouteille, il a rigolé et m’a dit d’aller à Anjuna à 5km.  Allons-y ! Sauf que ma moto ne démarrait plus non plus ! J’ai alors vu que l’employé de la station essence dormait à l’intérieur de la boutique, désespérée j’ai frappé à la fenêtre pour le réveiller, il a ouvert la porte libérant une horde de chiens. Après cette frayeur, j’ai essayé de lui donner de l’argent pour qu’il réouvre la station essence juste pour nous,  mais cela n’a pas fonctionné, la corruption ne marche pas si bien en Inde finalement…
Il nous alors conseillé de frapper à la porte des shops qui étaient sur la route car les vendeurs dorment à l’intérieur et il pensait qu’ils auraient certainement. On a alors frappé timidement jusqu’à ce qu’un indien bedonnant dormant entre deux réfrigérateurs de boissons n’ouvre son magasin mais il n’avait pas de pétrole non plus… Par miracle mon scooter a redémarré, non sans un bruit étrange mais cela nous a permis de filer en direction d’Anjuna. Quel soulagement de trouver cette miraculeuse bouteille! J’ai passé le retour à humer l’air de cette campagne devenue si familière et à me dire que j’avais une chance inouïe de vivre de telles aventures, si compliquées semblent-elles.

Samedi 3 novembre : Jouons aux parfaits touristes


Après 2 jours de farniente, trêve de plaisanterie, nous partions explorer le passé portugais de Goa.

Notre journée commença avec Panaji, la capitale de l’état Goanais connue pour ses quartiers colorés qui contrastent avec ses églises blanches. Nous avons visité l’Eglise Notre Dame de l’Immaculée conception où nous avons vu une vierge Marie aux traits presque méconnaissables, un restaurant se vantant d’avoir une Church View et des écoliers parés de leur uniforme en chemin pour l’école. 



Nous avons ensuite déambulé tranquillement entre les maisons aux milles couleurs du quartier de Sao Tomé dont les variations de parmes, bleus, verts, jaunes nous plongeaient sur un tout autre continent.



Nous avons ensuite pris la direction d’une plantation d’épices tropicales pour en apprendre plus sur ces petites épices qui nous titillent le gosier. Cardamone, gingembre, cumin, vanille, noix de muscade, curry poussaient dans cette exploitation labellisée Ecocert. Une jolie indienne nous a fait visiter le domaine et nous a expliqué les bienfaits de chacune de ses épices. Nous avons ensuite déjeuné dans ce cadre idyllique et savouré de bons plats servis dans des feuilles de bananier.


Ensuite est venu le temps de pénétrer dans le Old Goa, classé au patrimoine de l’Unesco  en raison de sa grandeur passée. Cette cité abritait au XVIème une population aussi nombreuse que celle de Londres lorsqu’elle fut conquise par les Portugais, c’est pourquoi Old Goa abrite les plus grandes églises d’Asie. Ils étaient touchants de voir de jeunes indiens allumer des cierges tandis que leurs aînées passaient à côté d’eux vêtues de saris.




Nous sommes arrivés à l’heure du coucher de soleil sur la plage d’Anjuna où nous avons pris un bain jusqu’à la nuit tombée. Nous avons mangé sur la plage avant de nous rendre à une soirée transe Goa quelques paillottes plus loin. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est une soirée transe imaginez un rassemblement de gens dansant comme des ours excités sur la musique électro genre rave avec des peintures fluos sur le visage. Ça a fait très peur à Bernhard et ça nous a fait beaucoup rire du coup on a donc essayé de jouer les tarés sautant partout et dans tous les sens pendant quelques heures avant de regagner une soirée « normale » dans une boite « normale » qui lui a mieux convenu. Nous avons ensuite passé la nuit dans de jolis bungalows en bambou installés à l’arrière d’un restaurant de plage, une vraie petite hutte de Rubinson Crusoé avec salle de bain J

Dimanche 4 novembre :  Profitons profitons avant que le séjour ne s'achève

Le dernier jour, je me suis réveillée au chant d’oiseaux noirs au long bec qu’on appelle communément corbeaux… mais je me suis vite réconciliée avec la vie en prenant un petit déjeuner indien sur la plage par un temps superbe. De nouveau, nous avons loué des scooters pour aller voir les falaises d’ocres de Vagator et nous reposer sur une plage encore plus sauvage que les précédentes. La journée fut excellente. J’ai acheté ma première mangue de la saison à une femme qui portait un énorme panier de fruits sur la tête que je n’ai même pas réussi à soulever, nous avons pris un vrai bain de soleil et j’ai bronzé, nous avons promené au milieu des vaches le long de la côte, nous avons mangé dans un restaurant dont la vue était à couper le souffle, nous avons escalader falaise pour admirer la vue du fort qui la surplombait, nous nous sommes baignés une dernière fois avant de reprendre, un peu la mort dans l’âme, le bus pour Bombay… 


Le retour s'est passé sans encombre jusqu'à ce que le pare brise du bus éclate aux portes de Bombay, on a donc fini le trajet les cheveux au vent, nous ramenions un peu de Goa dans notre ville tentaculaire.