Je ne sais par où commencer pour vous raconter ces superbes
4 jours que nous avons passés à Goa, un petit état de l’Inde du Sud colonisé
par les portugais au XVIème siècle. Goa est reconnu pour ces plages ensoleillées,
ses noix de cajou, son exonération de taxes, sa population hippie et sa
tolérance…aux maillots deux pièces !
Après près d’un mois sans voyage et aucun bain de mer depuis notre
arrivée en Inde, c’est exactement ce qu’il nous fallait pour célébrer la
Toussaint et essayer de rendre jaloux certains d’entre vous…
Jeudi 1er
novembre : Nageons dans la mer d’Oman
Après 13h de bus, nous avons bullé sur la grande plage de
Baga, au nord de l’Etat. Des orages étaient prévus mais nous avons réussi à
passer à travers les gouttes et malgré la grisaille nous nous sommes jetés dans
la mer comme si c’était notre première fois. Le plaisir de pouvoir nager,
marcher en paréo et nous allonger sur la plage sans être (trop) regardés ou
harcelés nous a procuré une sensation de liberté d’une valeur inestimable. Je
dois vous préciser que j’ai réussi à mettre une robe seulement deux fois depuis
mon arrivée en Inde et ce, malgré les 32°C affichés au compteur. Vous comprendrez
donc aisément que pouvoir enfin se mettre en maillot était une grande récompense. Bien sur on nous a pris en photo, bien sur on
a essayé de nous vendre des babioles en pagaille mais qu’importe nous étions en
vacances. Notre seule préoccupation était la recherche de la paillotte parfaite
pour déguster des curies de poisson ou de crevettes sur la plage. Ce week-end
marquait l’ouverture de la saison touristique à Goa, ainsi partout des
travailleurs s’attelaient à la construction de huttes de paille et de bambou qui
accueilleront bientôt des milliers de touristes qui envahiront ces plages
jusqu’à lors désertées pour faire la fête, s’amuser et se relaxer.
En bons touristes, nous avons loué un banana boat (un gros
boudin gonflable tracté par un bateau dont le but est de rester le plus
longtemps dessus). Etant donné que la plupart des indiens ne savent pas nager,
deux plagistes ont insisté pour nous accompagner au cas où les gilets de
sauvetage de suffiraient pas, en réalité, ils étaient là pour nous éjecter
dès qu’ils en avaient l’occasion. Femmes à la mer à bâbord! C’était parti pour
20 minutes de fou rire car il fallait ensuite remonter sur le boudin et ce
n’était pas si facile ! Plus on riait, moins on y arrivait, j’avais
l’impression d’être un vrai chamallow.
Le soir, nous avons diné au « Poisson Rouge » un
superbe restaurant à Baga tenu par des expats français installés à Goa depuis 7
ans. Le site et la décoration étaient magnifiques et la nourriture, délicieuse.
J’ai craqué pour du… bœuf servi avec une fine sauce au gingembre. Ça faisait si
longtemps que je n’avais pas mangé de la « French cuisine ». En
discutant avec les gérants nous avons appris qu’ils avaient l’habitude d’avoir
des stagiaires de l’école de commerce de Rouen pour développer leurs activités
à Goa et qu’ils étaient à la recherche d’un nouveau stagiaire pour janvier. J’en
ai vu certaines charmées par cette proposition mais je vois ça d’ici sur le CV :
Janvier-Juillet 2013 : Assistante
Marketing/communication au Poisson Rouge, Goa, Inde
-
Mise en plage, euh…en place, d’une stratégie
marketing
-
Networking lors de soirées transes
-
Organisation d’événements sous les cocotiers
Nous avons ensuite marché sur la plage profitant des ions
négatifs avant de sortir en boite. Merci à Ludmilla de nous avoir bien fait
rire en perdant ses chaussures sur la plage 5 min avant de rentrer dans le
club. Etant donné que tout est possible en Inde, elle a simplement acheté des
tongs sur la plage pour rentrer dans la boite de nuit, et ce, sans aucune
difficulté.
Un étage de la boite était réservé aux filles, comme c’est
souvent le cas en Inde, nous avons donc dansé avec des indiennes en essayant
d’adopter leur façon de se déhancher. Ce n’était pas triste, ils ont vraiment
une façon de danser qui leur est propre : Imaginez un mix entre de la
danse façon Shakira et celle de Bollywood puis ajoutez un peu de tectonique et
vous pourrez vous faire une idée de leur façon de danser en discothèque. C’est
bizarre mais on adore, ils ont tellement le rythme dans la peau !
Vendredi 2 Novembre :
Promenons nous sous les cocotiers
La journée commença avec un plongeon dans la piscine de l’hôtel
et un jus d’ananas fraîchement pressé. Nous avons ensuite loué des scooters
pour se balader le long de la côte… Nous avons roulé les cheveux au vent en
humant l’air marin mêlé à une odeur d’herbe coupée. Nous avons traversé de
jolis petits villages puis des quartiers entiers de magasins pour touristes. Le
refrain bien connu « See my shop, see my shop » nous avait manqué.
Nous avons élu domicile sur la plage d’Anjuna où nous avons
fait la rencontre des vrais locaux : les vaches ! Elles lézardaient
au soleil au milieu des touristes, le plus souvent tatoués des pieds à la tête.
Nous avons nagé dans l’eau chaude de la mer d’Oman pendant près d’une heure,
bercés par les vagues et la musique techno qui sortait des paillottes de plage.
Nous étions quasiment les seuls dans l’eau, aucun building à l’horizon, aucun
jet ski, un petit bout de paradis préservé.
Mélodie et moi avons cédé aux
rabatteuses de plage pour nous faire des tatouages au henné sur le pied. Ces
femmes utilisaient un petit bâton pour appliquer ce henné très foncé en faisant apparaître des arabesques qui maquillaient nos pieds à merveille.
Nous avons
ensuite mangé des poulets en tous genres face au soleil rasant se couchant
petit à petit sur cette plage de rêve.
Le soir nous avons promené en scooter pour rejoindre Vagator
au nord de Goa. La promenade en soit valait le coup, nous avons roulé au milieu
des vaches, klaxonné pour avertir d’un dépassement, indiqué avec le bras que
nous allions tourner, mis de l’essence à l’aide de bouteilles en plastiques
achetées sur le bord de la route. Nous avons cherché un restaurant pendant 1h que
nous n’avons jamais trouvé puis un bar qui était fermé, la soirée aurait pu
être gâchée MAIS nous sommes finalement tombés sur un restaurant face à la mer dont
nous étions les seuls clients de la soirée. La plage était déserte, plongée
dans le noir dont seuls une petite paillotte et un feu de branchage éclairaient
la baie. Quelque chose d’impensable sur nos côtes bétonnées et
surpeuplées : le paradis. Tout était parfait… jusqu’à ce que sur la route
du retour nous nous fassions (encore) arrêter par la police. Nous n’avions pas
de casque, nous n’avions pas nos papiers et nous n’avions pas notre permis de
conduire non plus mais nous étions en règle aux yeux des policiers indiens. Un
policier munis d’un vieux fusil automatique nous a quand même alerté sur le
fait qu’on était censé avoir nos permis de conduire pour louer des scooters
puis il nous a demandé où nous avions prévu d’aller faire la fête, apparemment
il connaissait un endroit super… Il nous l’a indiqué et nous a laissé repartir
sauf que le scooter d’Hugo et Mélodie ne démarrait plus.
Petrol Petrol Petrol ! Oooooooook… il est minuit,
allons explorer la campagne indienne à la recherche d’une petite bouteille de
pétrole. Aux vues du nombre d’échoppes bordant la route ça ne devrait être si
difficile… Pourtant pas une seule bouteille posée sur un mur indiquant qu’il
était possible d’en acheter à cet endroit n’était en place à cette heure
tardive. Nous étions à l’affut de la moindre source de lumière et avons demandé
du pétrole à 2 restaurants, un groupe de jeunes buvant des bières sur leur
terrasse, à un poste de police, à un monsieur à moto, mais rien n’y faisait.
Nous avons fini par trouver une station essence, fermée bien sûr. J’ai cherché la
pompe 24h/24h en vain (en voilà une idée de business développement !)
avant de me faire héler par un vieil indien qui dormait sur un banc près des
pompes à essence : « No petrol no petrol ! » J’ai quand même essayé
de lui dire que j’étais prête à payer deux fois le prix pour qu’il nous trouve
une bouteille, il a rigolé et m’a dit d’aller à Anjuna à 5km. Allons-y ! Sauf que ma moto ne démarrait
plus non plus ! J’ai alors vu que l’employé de la station essence dormait
à l’intérieur de la boutique, désespérée j’ai frappé à la fenêtre pour le
réveiller, il a ouvert la porte libérant une horde de chiens. Après cette
frayeur, j’ai essayé de lui donner de l’argent pour qu’il réouvre la station
essence juste pour nous, mais cela n’a
pas fonctionné, la corruption ne marche pas si bien en Inde finalement…
Il nous alors conseillé de frapper à la porte des shops qui
étaient sur la route car les vendeurs dorment à l’intérieur et il pensait qu’ils
auraient certainement. On a alors frappé timidement jusqu’à ce qu’un indien
bedonnant dormant entre deux réfrigérateurs de boissons n’ouvre son magasin
mais il n’avait pas de pétrole non plus… Par miracle mon scooter a redémarré,
non sans un bruit étrange mais cela nous a permis de filer en direction
d’Anjuna. Quel soulagement de trouver cette miraculeuse bouteille! J’ai
passé le retour à humer l’air de cette campagne devenue si familière et à me dire
que j’avais une chance inouïe de vivre de telles aventures, si compliquées
semblent-elles.
Samedi 3 novembre :
Jouons aux parfaits touristes
Après 2 jours de farniente, trêve de plaisanterie, nous partions
explorer le passé portugais de Goa.
Notre journée commença avec Panaji, la capitale de l’état
Goanais connue pour ses quartiers colorés qui contrastent avec ses églises blanches.
Nous avons visité l’Eglise Notre Dame de l’Immaculée conception où nous avons
vu une vierge Marie aux traits presque méconnaissables, un restaurant se
vantant d’avoir une Church View et des écoliers parés de leur uniforme en
chemin pour l’école.
Nous avons ensuite déambulé tranquillement entre les
maisons aux milles couleurs du quartier de Sao Tomé dont les variations de
parmes, bleus, verts, jaunes nous plongeaient sur un tout autre continent.
Nous avons ensuite pris la direction d’une plantation d’épices
tropicales pour en apprendre plus sur ces petites épices qui nous titillent le
gosier. Cardamone, gingembre, cumin, vanille, noix de muscade, curry poussaient
dans cette exploitation labellisée Ecocert. Une jolie indienne nous a fait
visiter le domaine et nous a expliqué les bienfaits de chacune de ses épices. Nous
avons ensuite déjeuné dans ce cadre idyllique et savouré de bons plats servis
dans des feuilles de bananier.
Ensuite est venu le temps de pénétrer dans le Old Goa, classé
au patrimoine de l’Unesco en raison de
sa grandeur passée. Cette cité abritait au XVIème une population aussi
nombreuse que celle de Londres lorsqu’elle fut conquise par les Portugais, c’est
pourquoi Old Goa abrite les plus grandes églises d’Asie. Ils étaient touchants
de voir de jeunes indiens allumer des cierges tandis que leurs aînées passaient
à côté d’eux vêtues de saris.
Nous sommes arrivés à l’heure du coucher de soleil sur la
plage d’Anjuna où nous avons pris un bain jusqu’à la nuit tombée. Nous avons
mangé sur la plage avant de nous rendre à une soirée transe Goa quelques
paillottes plus loin. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est une soirée transe
imaginez un rassemblement de gens dansant comme des ours excités sur la musique
électro genre rave avec des peintures fluos sur le visage. Ça a fait très peur
à Bernhard et ça nous a fait beaucoup rire du coup on a donc essayé de jouer
les tarés sautant partout et dans tous les sens pendant quelques heures avant
de regagner une soirée « normale » dans une boite « normale »
qui lui a mieux convenu. Nous avons ensuite passé la nuit dans de jolis
bungalows en bambou installés à l’arrière d’un restaurant de plage, une vraie
petite hutte de Rubinson Crusoé avec salle de bain J
Dimanche 4 novembre : Profitons profitons avant que le séjour ne s'achève
Le dernier jour, je me suis réveillée au chant d’oiseaux
noirs au long bec qu’on appelle communément corbeaux… mais je me suis vite réconciliée
avec la vie en prenant un petit déjeuner indien sur la plage par un temps
superbe. De nouveau, nous avons loué des scooters pour aller voir les falaises
d’ocres de Vagator et nous reposer sur une plage encore plus sauvage que les
précédentes. La journée fut excellente. J’ai acheté ma première mangue de la
saison à une femme qui portait un énorme panier de fruits sur la tête que je n’ai
même pas réussi à soulever, nous avons pris un vrai bain de soleil et j’ai
bronzé, nous avons promené au milieu des vaches le long de la côte, nous avons
mangé dans un restaurant dont la vue était à couper le souffle, nous avons
escalader falaise pour admirer la vue du fort qui la surplombait, nous nous
sommes baignés une dernière fois avant de reprendre, un peu la mort dans l’âme,
le bus pour Bombay…
Le retour s'est passé sans encombre jusqu'à ce que le pare brise du bus éclate aux portes de Bombay, on a donc fini le trajet les cheveux au vent, nous ramenions un peu de Goa dans notre ville tentaculaire.
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