Après ma dernière soirée avec les français,
Bernhard et quelques amis indiens, j’ai pris mon dernier rickshaw immatriculé
MH02 (MH pour Mumbai Maharastra et 02 pour Andheri) en direction de l’aéroport
accompagnée d’Hugo et Mélodie. L’Inde et ses règles omniprésentes dans ce
foutoir organisé nous obligea à nous dire au revoir devant les portes du
terminal 1B car m’accompagner à l’intérieur « It’s not allowed ». Au
son de cette phrase devenue bien trop familière j’ai éclaté de rire au nez
de la garde avant de verser quelques larmes en quittant mes acolytes. J’étais
également un peu triste de quitter Bombay, mon bourreau, pour lequel j’avais
déclenché un petit syndrome de Stockholm…
A 4h30 du matin, le terminal domestique
grouillait déjà et j’avais l’impression d’être la seule à ne pas avoir dormi de
la nuit. J’attendais, somnolant, l’embarquement de mon avion direction Chennai
où j’allais prendre un autre vol pour Port Blair. Je dois avouer que je n’ai
pas vu grand-chose du voyage mais de toute façon le ciel était nuageux et grâce
à ces petites siestes j’ai trouvé la force de supporter la paperasse
administrative qui m’attendait à Port Blair. En effet, les îles Andamans
(situées à environ 1000 km de l’Inde) sont des « restricted aera » ce
qui signifie qu’il faut un permis pour y séjourner car l’île renferme des
populations tribales protégées. Il est par exemple interdit d’approcher les
Jarawa qui vivent dans une réserve autour de laquelle est installée un vrai no
man’s land ardemment surveillé pour éviter tout contact entre les populations
tribales et locales. Ne parlons même pas des touristes.
Mon permis en poche, j’ai pris la direction de
la Phoenix Jetty pour prendre le 1
er ferry pour Havelock. Oui papa,
je sais, je suis incorrigible, je n’ai pas pu m’empêcher de m’y précipiter
malgré la fatigue accumulée et mes énormes sacs contenant toute ma maison. Le
guichet était fermé car nous étions dimanche MAIS en Inde tout est possible DONC
il y en avait un autre ouvert derrière le bâtiment principal. J’étais transpirante,
piquée par les moustiques et énervée par la queue indisciplinée mais j’allais
pouvoir embarquer sur le ferry pour 2h30 de trajet. J’ai passé la moitié du voyage sur le pont à
regarder la mer défiler devant mes yeux et à humer les embruns. J’avais
définitivement quitté Bombay. L'air était plus pur, plus respirable.
Une fois arrivée à Havelock, je dus présenter
mon permis de séjour au poste de contrôle avant de me faire harceler par des conducteurs de
rickshaws qui me proposaient de m’amener à mon hôtel pour 10 roupies, la bonne
affaire ! Il fallut cependant s'armer de patience pour que le rickshaw accepte de m'amener à l'hôtel que je lui avais indiqué et comme par hasard arrivés sur place, cet hôtel était complet. Il me proposa un autre resort selon lui bien mieux que celui que j'avais choisi. L'endroit était paradisiaque, je ne luttai pas inutilement. Je pris une hutte sur la plage pour 10€ la nuit dans laquelle un lit
deux places surélevé et surmonté d’une grande moustiquaire et une desserte
étaient les seuls meubles. Il n’y avait pas de draps, pas de papier toilette et
j’aperçu un lézard et un mille pattes avant l’extinction des feux. J’allais
passer ma première nuit en mode Koh Lanta amélioré qui me rappelait en tous points mon voyage à Tanna au Vanuatu. J’espérais juste qu’aucun crabe des
cocotiers ne vienne dévorer mon dentifrice et me réveiller dans la nuit cette fois. Épuisée par le voyage et me répétant « ce n’est pas la petite bête qui va
manger la grosse », célèbre adage de ma grand-mère, je ne fis pas long
feu. Cette nuit fut la meilleure que j’eus depuis 15 jours, la tranquillité
dont j’avais tant besoin était au rendez-vous, les vacances commençaient.
Au réveil, je découvris avec émerveillement la
plage du village n°5, au bout du jardin de mon « hôtel ». Sable blanc
et fin, eau transparente, ciel bleu, cocotiers et barques multicolores
donnaient à cet endroit une allure de paradis. En marchant le long de la plage
j’observais les indiens se baigner habillés et les chiens paresser à l’ombre
des palmiers. L’expression « avoir une vie de chien » perdait tout
son sens ici ! Grâce au henné encore présent sur leurs mains et les nombreux
bracelets rouges portés par les femmes, je devinais aisément que la plupart des
couples indiens étaient ici en lune de miel.
Je décidai de louer un scooter pour me rendre
sur la côte ouest d’Havelock à la fameuse Radha Nagar beach, la plus belle de
l’île d'après Lonely Planet. Je découvris avec stupeur que le casque était
obligatoire aux Andamans et que je pouvais être contrôlée par la
police pour montrer mon permis ! Cet endroit était vraiment très surveillé par rapport au reste de l’Inde ! Après un trajet de 15 km à travers la
rase campagne puis la jungle, j’atteignis THE plage… Époustouflante ! Une
des plus belles plages que je n’ai jamais vue. Le sable était d’une douceur et
d’une finesse, l’eau était d’un turquoise, le ciel d’un bleu et la plage
d’un vide et d’un calme ! Parfaitement
le genre dont je rêvais, pas vous ?
En plus d’être claire, l’eau était idéalement
chaude. Je passai une partie de la journée sur la plage à voguer entre ma
serviette et la mer. . Mes seuls camarades de serviette étaient de petits
crabes blancs et cette solitude me convenait parfaitement après avoir vécu
au milieu de 22 millions d’indiens pendant 3 mois !
Avant le coucher du soleil je regagnai le
village n°5 peu rassurée par la pénurie d’essence qui frappait l’île et qui ne
me permettait pas d’acheter une nouvelle bouteille de pétrole… La station
essence, qui consistait en une baraque en bois au bord de la route, affichait
un petit écriteau « No petrol » et des jerricanes vides. Seulement
deux cent litres de pétrole arrivaient sur l’île à chaque cargaison, chaque
homme d’Havelock avait le droit d’acheter uniquement 2 litres et le
ravitaillement n’avait lieu qu’une fois par semaine, le mercredi en
l’occurrence. Nous étions lundi… et j’avais déjà consommé un litre à moi toute
seule en traversant l’île. J’arrivai heureusement à bon port avant la tombée de
la nuit. Bien qu’éloignés de 1000 km du sous-continent, les Andamans suivent le
même fuseau horaire que l’Inde, il y fait donc nuit très tôt vers 17h et jour
vers 5h du matin. En chemin, j’avais pris la ferme décision de commencer une
formation de plongée dès le lendemain pour enfin pouvoir faire de vraies
plongées car j’avais déjà 3 baptêmes à mon actif,
un 4ème me semblait de trop. Il me fallait 4 jours pour avoir le 1er niveau dont un jour de théorie, un jour d’exercices et 2 jours de plongée, il me
restait 4 jours et demi. J’avais envie depuis longtemps de le faire, l’occasion
était trop belle, je m’offrai un vrai cadeau de noël avant l’heure :
l’Open Water PADI serait bientôt à moi.
Après avoir trouvé un gros crapaud dans ma
salle de bain, je fus moins incline à me doucher de nuit. Comme je dormais
seule dans une hutte pleine de courant d’air, je jugeai que la douche pourrait
attendre le lendemain matin. Peu rassurée, j’essayai de bloquer la porte de ma
salle de bain avec un de mes sacs mais le jeu entre la porte et le mur devenait
de plus en plus effrayant au fur et à mesure que la nuit s’épaississait. Je
partis donc à la recherche des propriétaires pour leur demander secours.
Heureusement « Mam » régla le
problème vite fait bien fait et fit déguerpir l’odieux animal. Malheureusement
le mal était fait, j’allais passer une partie de ma nuit à guetter le moindre
bruit suspect…
Après m’être dit que j’en avais fini avec les
cours depuis la fin de mes partiels à
Bombay, je pris de nouveau le chemin de l’école en longeant la plage. Dur. La salle de
classe avait une superbe vue sur la mer et les cocotiers. Avec pareil décor, il
était difficile de se concentrer sur les vidéos PADI démodées mais bientôt
grâce à tout ce savoir que j’ingurgitais à grande vitesse, j’allais pouvoir
être comme un poisson dans l’eau.
A midi, je m’offris une petite séance de
bronzage et un merveilleux curry de crevettes accompagné de chapatis pour me
donner du courage pour la suite de l’apprentissage. Après 4h de vidéo, la
lecture du manuel, 4 exercices et 4 tests qui m’avaient pris la journée, je pus
enfin passer le test final de théorie. Je m’en sortis avec 4 fautes sur 50,
j’en avais raz le bol mais l’essayage du matériel avec lequel j’allais m’équiper demain me redonna vite le sourire. Je rentrai par la plage et m’assis
quelques instants pour regarder les indiens qui vaquaient à leurs occupations.
Des jeunes jouaient au football sur le sable et retenaient l’attention de
l’équipe de nettoyage de l’hôtel qui s’était arrêtée de travailler pour l’occasion,
une famille profitait de la marée basse pour monter dans un bateau de pêcheurs
et se livrait à une séance photo souvenirs. Un couple dont la femme portait une
combinaison de plongée intégrale et un paréo sur les hanches se trempait les
pieds dans l’eau. Pour la description du bain de minuit vous repasserez !
La lune apparaissait de plus en plus nette et ne se laissait voir en un petit
croissance étrangement tourné à l’horizontal.
Pour dîner, je me rendis au petit restaurant
près de mon hôtel où je commanda un délicieux milk shake à la banane et
commença à rédiger ces quelques lignes. Très vite, une coupure d’électricité me
plongea dans une atmosphère magique. Le serveur vint m’apporter une bougie et
se servit d’un porte-serviettes comme chandelier. La nuit était noire. En face,
un feu brûlait probablement pour éloigner les moustiques et grâce à cette
lumière j’apercevais une vache broutant l’herbe non loin de là, j’entendais le
chant de petits grillons et insectes qui redoublait d’intensité au fur et à
mesure que l’activité se ralentissait et au loin des chansons indiennes s’échappaient
des maisons plongées dans l’obscurité. Malheureusement la coupure de courant ne
dura pas assez longtemps pour que j’ai le privilège de diner aux chandelles
mais la lumière me permis de voir l’image insolite du jour : un Sikh
parfaitement enturbanné qui portait des Crocs prit place dans le restaurant.
Une image typiquement indienne : mondialisation et religion faisaient bon
ménage. Le 3ème soir, ce fut une araignée velue qui m’accueillit
dans la salle de bain, ni une ni deux, je grimpa vite fait dans mon lit sur pilotis
pour me mettre à l’abri du monstre sous ma moustiquaire géante.
Le matin, je fus réveillée par un coq et des
poules qui picoraient une noix de coco devant ma hutte. Afin de me rapprocher
du centre de plongée, j’avais décidé d’y prendre une hutte, je partis donc pour
mon cours de plongée en « milieu protégé » avec toutes mes affaires
sur le dos. Après avoir ingurgité une pancake à la banane et essayé mes
équipements, j’étais fin prête pour cette journée d’entrainement. Tout d’abord
avec Vivan, une malaysienne qui suivait également ce cours, nous avons appris à
préparer et à ranger nos équipements, nous avons ensuite pris un bateau
traditionnel en bois en direction de la plage n°3 pour y faire nos exercices.
Simuler une panne d’air, la perte de mon détendeur ou une crampe furent une
partie de plaisir. Ce fut en revanche moins le cas lorsqu’il fallut que
j’enlève mon masque pour le remette en étant sous l’eau. Très forte en
coordination des mouvements (…) je faillis m’étouffer car je n’arrivais pas à
continuer de respirer dans le détendeur par la bouche en ayant le nez dans
l’eau ! J’ai donc un peu bu la tasse par le nez avant de parvenir à
chasser l’eau de mon masque. Nous passâmes une partie de la matinée à remorquer
son binôme, à se familiariser avec les signes de plongée et à pratiquer tout un
tas de règles de sécurité qui nous permettraient d’être plus ou moins
indépendantes lors de nos prochaines plongées. Pour l’instant, nous allions
faire une 1ère plongée d’exploration pour mettre tout ça en
pratique. Elle dura plus d’une demi-heure à 8m, j’avais déjà plongé beaucoup
plus profond auparavant mais cette fois-ci je devais maîtriser ma flottabilité
pour ne pas couler ou pour ne pas remonter à la surface, contrôler ma quantité
d’air restante ou ma profondeur comme une grande. Cette plongée nous donna un
bel aperçu de la richesse des fonds marins des Andamans dont des poissons
clown, seiches, poissons lions et autres magnifiques créatures. J’étais aux
anges et ce n’était que le commencement.
Après la formation, je décidai d’aller me faire
dorer la pilule à Elephanta beach. Pour m’y rendre, il me fallait louer un
scooter puis marcher pendant une trentaine de minutes. Arrivée devant le
sentier de terre qui menait à la plage à travers la jungle, j’éprouvai un petit
doute en ma capacité à jouer les Robinsons surtout que j’étais déjà effrayée
par deux chiens errants qui me barraient la route. Mais j’avais affronté un
singe à Coonoor, il était donc hors de question que je me laisse démonter par
si peu. Je pris mon courage à deux mains et attendis tranquillement que les
chiens continuent leur route avant d’emprunter l’étroit chemin boueux. Très
vite je croisai deux locaux à qui je demandai s’il était possible que je tombe
sur des singes ou des serpents en chemin. Ils me répondirent par la négative. Un
peu soulagée, je continuai à avancer tout en scrutant scrupuleusement les
fougères. Je me saisis d’un bâton pour taper le sol afin d’éloigner les
serpents, juste au cas où... J’arrivai en nage à la lisière de la jungle après
avoir fait la funambule sur un rondin de bois pour traverser une étendue d’eau
boueuse. Le cœur battant à 1000 à l’heure et affolée par le moindre craquement
ou cri d’animaux, je déclarai forfait. Je n’étais pas Jane et surtout il
manquait Tarzan pour que je réussisse l’expérience. Faire la jungle en
solitaire, j’avais tout simplement visé trop haut cette fois. Je me consolai donc avec la plage N°7 où je peaufinai mon bronzage et observa crabes et Bernard
L’Hermite en attendant le coucher du soleil. Ce fut une belle compensation.
A
partir de 16h30, le soleil commença à décliner et donna au ciel des splendides
variations de roses, bleus et jaunes. De nombreux indiens s’étaient pressés sur
la plage pour assister à ce magnifique spectacle. Après Mumbai, les iles
Andamans étaient sans doute le lieu qui caractérisait le mieux les écarts de
richesse qui peuvent exister en Inde. D’un côté, il y avait ces couples de
jeunes mariés ou ces familles fortunées habillées à l’occidentale qui venaient
ici pour pratiquer tout un tas d’activités. Plongée, location de jeep,
restaurants, chambres luxueuses avec vue sur la mer, rien n’était trop beau
pour eux, ils avaient amassé suffisamment d’argent pour se payer des vacances
de rêve et ils comptaient bien le montrer. Déjà sur place, ils arboraient
fièrement les t-shirts de leur centre de plongée alors que la plupart ne
savaient pas nager… De l’autre côté, il y avait ces réfugiés de la partition
qui avaient fuit le Bengale lorsque les hindous y furent persécutés. Ils
avaient trouvé de la terre à cultiver ici et en avaient fait leur gagne pain.
Entre deux resorts, il était commun de voir des femmes en sari en train de
préparer les légumes avant de les porter au marché. L’Inde changeait si vite,
je me demandais pendant encore combien de temps ces femmes seraient là…
Je me
rendis au marché où je me promena entre les étals de fruits et légumes, je
m’assis boire un chai dans une échoppe, je fis quelques courses dont du produit
anti-moustique local et je commanda un veg frankie (sorte de crêpe fourrée aux
légumes) au bord de la route… Bref, je savourais les petits plaisirs à
l’indienne.
Le lendemain était un grand jour, j’avais deux
plongées de prévu pour mettre en pratique ce que j’avais appris les jours
précédents. Le 1er site de plongée était à 1h40 de la plage n°5 d’Havelock,
nous primes donc une sorte de joli chalutier en bois pour nous y rendre. La
sortie en bateau valait le déplacement en soit, nous voguions au milieu d’un
archipel à couper le souffle et nous étions seuls dans ce paradis. Durant toute
la traversée nous n’avons croisé qu’un seul bateau et aperçu au loin un ferry
qui faisait la navette entre Port-Blair, la capitale, et Havelock. Les îles qui
nous entouraient étaient désertes et seule la jungle y régnait avec une
puissance absolue. Des endroits préservés existaient donc encore sur terre et
j’allais pouvoir y goûter lors de ma 1ère plongée de la journée à white house rock.
Je fus d’abord impressionnée par la quantité
de plancton présent dans l’eau car je n’en avais jamais vu en Méditerranée, je
comprenais maintenant pourquoi nos mers étaient si vides, nos poissons n’ont
tout simplement rien à manger ! Arrivée à 12 m, je cru être tombée dans un
aquarium ! Tout autour de moi des milliers de petits poissons colorés vaquaient
à leur occupation. Des poissons clown jouaient dans leur anémone, des poissons
lions zébrés noirs et blancs se cachaient sous des rochers, des rascasses
essayaient de se dissimuler sur le sable, des poissons perroquets (verts,
bleus, violets et jaunes à la fois) se lançaient dans une course poursuite, des
poissons jaunes, noirs et blancs nageaient majestueusement, des poissons
« grogneurs » jaunes et marrons se déplaçaient en famille etc...
C’était un défilé incessant de couleurs, de formes et de matières, j’en prenais
plein les yeux, je n’avais jamais vu ça et pourtant je n’en étais pas à ma 1ère
plongée en eau tropicale. Je fus surtout impressionnée par les coraux qu’il y
avait sur ce site. Partout il y avait des gorgones, ces coraux qui ressemblent
à des petits arbres ou à des feuilles nervurées, il y avait également beaucoup
des tiges de coraux faisant penser à des lianes sous marines, des sortes de
tubes si gros qu’on pouvait y fourrer notre bras entier, des coraux mouvants
dits « mous » violets ou bleus ou encore des éponges. Attention ne
vous trompez pas, ces éponges n’ont rien à voir avec celles avec lesquelles on
se lave ou avec leur ami Bob, il s’agit en fait de coraux de couleur souvent
rouge qui semblent également un peu mous. Je redécouvrais un monde magique que
la plupart des gens ne verraient jamais, je mesurais et savourais ma chance.
L’après-midi, je plongeai sur une épave échouée
là dans les années 30 qui servait de maison à de nombreux poissons. Je vis de plus
gros poissons comme des Giant Trevally (ne me demandez pas comment ça s’appelle
en français mais c’est une sorte d’énorme daurade argentée), des poissons tuyau
de pipe qui ressemblaient à des hippocampes écrasés ou des méchantes murènes
qui avaient l’air un peu ensuquées par l’eau chaude. Je passai entre les
fenêtres du navire, tenta de m’asseoir sur des toilettes tombés sur le fond et
je m’arrêtai au nail bar de madame la crevette nettoyeuse. J’en étais à ma 3ème
plongée, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Enfin pas tout à fait,
l’eau était à 28°C et j’avais une combinaison intégrale mais en bonne frileuse
que je suis, j’avais tout de même un peu froid ! Remorquer ma monitrice
qui me simula un malaise une fois remontées à la surface finit par venir à bout
du peu de force qui me restait mais eu l’avantage de me réchauffer. Dès mon
retour à terre je me précipitai dans ma hutte où je dormis durant 11h, ça n’a
pas l’air comme ça mais la plongée ça crève !
Le jour suivant se déroula un peu de la même
façon, je plongeai la 1ère fois de la journée à South Button, une
minuscule île perdue au milieu de l’archipel qui était survolée par des aigles
majestueux. Une perle. Je descendis jusqu’à 18m la limite de profondeur à
laquelle je pouvais aller avec mon certificat. Je réussis avec brio l’épreuve
du masque que je parvins à enlever et à remettre sans m’étouffer cette fois. Je
vis mon 1er poulpe, des gros poissons chauve-souris, des poissons
Napoléon, des bans de poissons multicolores et encore bien d’autres.
L’après-midi, je fis la rencontre d’un ban d’énormes barracudas, autant vous
dire que je n’en menais pas large, c’est le cas de le dire ! Partout il y
avait de superbes étoiles de mer bleues, blanches ou rouges, des poissons en
train de pondre et des bébés poissons qui semblaient dans leurs premiers jours
de vie. Un beau spectacle.
Au retour, je reçus mon certificat attestant
de ma réussite du niveau Open Water PADI, j’étais officiellement devenue une
vraie plongeuse mais malheureusement mon séjour au paradis touchait à sa fin…
Demain un ferry me ramènerait à Port Blair où je prendrais l’avion direction
Chennai puis le taxi pour Mamallipuram où j’accueillerais une famille de
touristes bien connus.
Mon réveil fut très matinal, il faisait encore
nuit dehors j’en profitai donc pour aller me dégourdir les jambes sur la plage
et pour admirer le lever du soleil. Quelques indiens étaient également réveillés,
certains se baladaient suivis par quelques chiens errants, d’autres se baignaient
ou du moins se couchaient dans l’eau pour se mouiller un peu car je les
soupçonnais de ne pas savoir nager et d’autres faisaient leurs ablutions en
priant face au soleil levant. Je restai là pendant près d’une heure à observer
les changements de couleurs dans le ciel au fur et à mesure que le soleil
pointait son nez. Une belle image pour finir ces somptueuses vacances.