lundi 24 décembre 2012

Mamallapuram et ses rochers étranges

Une chambre m’attendait à l’hôtel Mahabs de Mamallapuram (ou Mahabalipuram), où Isa, papa et les frères me rejoindraient dans quelques heures. Leur vol devait arriver à 4h du matin à Chennai, ils seraient donc là au petit matin. Réveillée par les cris matinaux du coq je les attendis patiemment.
A 7h j’entendis des voix familières résonner dans la cours de l’hôtel et bientôt j’aperçu leurs silhouettes dissimulées sous des kawé pour éviter les piqures de moustiques. 
On prit alors notre 1er petit déjeuner ensemble où ils découvrirent quelques plats locaux : Masala dosa, poori et Idly à tremper dans du sambar, sauce rouge épicée ou dans du chutney de noix de coco. Le petit déjeuner eut un franc succès, ils semblaient déjà conquis par ces mets indiens.

On prit ensuite la direction de l’ascèse d’Arjuna, un relief sculpté dans la roche qui représente des scènes de la mythologie hindou.  De nombreux fidèles habillés en rouge et jaune descendaient de bus bondés.  Isa eut droit à sa première séance photo avec les locaux.





On se promena dans la colline qui domine la ville en évitant soigneusement les singes et en escaladant les nombreux blocs de grès semés dans le paysage. 


Celui qui attira particulièrement notre attention fut le fameux rocher appelé « boule de beurre de Krishna », un énorme bloc de pierre rond semblant tenir en équilibre comme par magie. Il semblait pouvoir glisser à chaque instant. Perchés sur un rocher, on eut une magnifique vue sur les rizières et la mer environnantes.  Un phare aux allures bretonnes se tenait là au milieu des cocotiers.
On prit ensuite la direction de la mer au bord de laquelle se massaient des dizaines d’indiens. La force du vent et de la houle rendait peu attrayante la baignade mais certains profitaient néanmoins de l’eau pour s’y rafraîchir tout habillés.


Avec la chaleur et la fatigue du voyage et du décalage horaire, on retourna à l’hôtel pour se reposer et se baigner à la piscine pour certains.

On se remit ensuite en route pour aller manger dans un restaurant face à la mer duquel on avait une vue imprenable sur la plage colorée. Des femmes y vendaient des tissus, des pêcheurs y réparaient leurs filets, des vaches s’y prélassaient au soleil et des enfants jouaient au milieu des barques peintes de couleurs attrayantes.


La vue était magnifique mais le repas assez quelconque et cher. Attention aux attrape-touristes dans ce quartier de Mamallapuram.

On continua notre visite pour aller voir le temple du Rivage, un joli temple consacré à Shiva construit au bord de la côte battue par les vents depuis le VIIIème siècle.


On se mit ensuite en chemin des Cinq Rathas, petits sanctuaires dédiés à différents dieux hindous devant lesquels se tiennent des sculptures de l’animal monture du dieu en question. La statue du lion associée au dieu Vishnou avait de succès auprès des enfants indiens qui n’hésitaient pas à monter sur ces édifices du VIIème siècle pour prendre des photos souvenirs. On a préféré poser à côté du majestueux éléphant grandeur nature.

On prit un rickshaw à 5 pour rentrer, on était un peu serrés mais c’était typique : nous étions une vraie famille indienne. Isa et papa ont goûté au massage kéralais, ce qui les a bien détendus. Pendant ce temps je suis allée chez un tailleur qui devait me faire des jolis coussins à partir du tissus que j'avais acheté à Bombay mais il était en réalité en train de les massacrer. Il avait coupé le tissu au milieu des ornements et ne savait pas où mettre les fermetures éclairs ! Après quelques échauffements, je finis par obtenir ce que je souhaitais. Leçon n°1 : donner un modèle aux tailleurs indiens si on a une idée précise de ce que l’on souhaite. 

Pour le dîner, tout le monde se délecta de nans et de gravy avant d’aller se coucher bien repus. 

dimanche 23 décembre 2012

Le paradis existe aux Andamans

Après ma dernière soirée avec les français, Bernhard et quelques amis indiens, j’ai pris mon dernier rickshaw immatriculé MH02 (MH pour Mumbai Maharastra et 02 pour Andheri) en direction de l’aéroport accompagnée d’Hugo et Mélodie. L’Inde et ses règles omniprésentes dans ce foutoir organisé nous obligea à nous dire au revoir devant les portes du terminal 1B car m’accompagner à l’intérieur « It’s not allowed ». Au son de cette phrase devenue bien trop familière j’ai éclaté de rire au nez de la garde avant de verser quelques larmes en quittant mes acolytes. J’étais également un peu triste de quitter Bombay, mon bourreau, pour lequel j’avais déclenché un petit syndrome de Stockholm…

A 4h30 du matin, le terminal domestique grouillait déjà et j’avais l’impression d’être la seule à ne pas avoir dormi de la nuit. J’attendais, somnolant, l’embarquement de mon avion direction Chennai où j’allais prendre un autre vol pour Port Blair. Je dois avouer que je n’ai pas vu grand-chose du voyage mais de toute façon le ciel était nuageux et grâce à ces petites siestes j’ai trouvé la force de supporter la paperasse administrative qui m’attendait à Port Blair. En effet, les îles Andamans (situées à environ 1000 km de l’Inde) sont des « restricted aera » ce qui signifie qu’il faut un permis pour y séjourner car l’île renferme des populations tribales protégées. Il est par exemple interdit d’approcher les Jarawa qui vivent dans une réserve autour de laquelle est installée un vrai no man’s land ardemment surveillé pour éviter tout contact entre les populations tribales et locales. Ne parlons même pas des touristes.

Mon permis en poche, j’ai pris la direction de la Phoenix Jetty pour prendre le 1er ferry pour Havelock. Oui papa, je sais, je suis incorrigible, je n’ai pas pu m’empêcher de m’y précipiter malgré la fatigue accumulée et mes énormes sacs contenant toute ma maison. Le guichet était fermé car nous étions dimanche MAIS en Inde tout est possible DONC il y en avait un autre ouvert derrière le bâtiment principal. J’étais transpirante, piquée par les moustiques et énervée par la queue indisciplinée mais j’allais pouvoir embarquer sur le ferry pour 2h30 de trajet.  J’ai passé la moitié du voyage sur le pont à regarder la mer défiler devant mes yeux et à humer les embruns. J’avais définitivement quitté Bombay. L'air était plus pur, plus respirable.


Une fois arrivée à Havelock, je dus présenter mon permis de séjour au poste de contrôle avant de me faire harceler par des conducteurs de rickshaws qui me proposaient de m’amener à mon hôtel pour 10 roupies, la bonne affaire ! Il fallut cependant s'armer de patience pour que le rickshaw accepte de m'amener à l'hôtel que je lui avais indiqué et comme par hasard arrivés sur place, cet hôtel était complet. Il me proposa un autre resort selon lui bien mieux que celui que j'avais choisi. L'endroit était paradisiaque, je ne luttai pas inutilement. Je pris une hutte sur la plage pour 10€ la nuit dans laquelle un lit deux places surélevé et surmonté d’une grande moustiquaire et une desserte étaient les seuls meubles. Il n’y avait pas de draps, pas de papier toilette et j’aperçu un lézard et un mille pattes avant l’extinction des feux. J’allais passer ma première nuit en mode Koh Lanta amélioré qui me rappelait en tous points mon voyage à Tanna au Vanuatu. J’espérais juste qu’aucun crabe des cocotiers ne vienne dévorer mon dentifrice et me réveiller dans la nuit cette fois. Épuisée par le voyage et me répétant « ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse », célèbre adage de ma grand-mère, je ne fis pas long feu. Cette nuit fut la meilleure que j’eus depuis 15 jours, la tranquillité dont j’avais tant besoin était au rendez-vous, les vacances commençaient. 

Au réveil, je découvris avec émerveillement la plage du village n°5, au bout du jardin de mon « hôtel ». Sable blanc et fin, eau transparente, ciel bleu, cocotiers et barques multicolores donnaient à cet endroit une allure de paradis. En marchant le long de la plage j’observais les indiens se baigner habillés et les chiens paresser à l’ombre des palmiers. L’expression « avoir une vie de chien » perdait tout son sens ici ! Grâce au henné encore présent sur leurs mains et les nombreux bracelets rouges portés par les femmes, je devinais aisément que la plupart des couples indiens étaient ici en lune de miel.


Je décidai de louer un scooter pour me rendre sur la côte ouest d’Havelock à la fameuse Radha Nagar beach, la plus belle de l’île d'après Lonely Planet. Je découvris avec stupeur que le casque était obligatoire aux Andamans et que je pouvais être contrôlée par la police pour montrer mon permis ! Cet endroit était vraiment très surveillé par rapport au reste de l’Inde ! Après un trajet de 15 km à travers la rase campagne puis la jungle, j’atteignis THE plage… Époustouflante ! Une des plus belles plages que je n’ai jamais vue. Le sable était d’une douceur et d’une finesse, l’eau était d’un turquoise, le ciel d’un bleu et la plage d’un vide et d’un calme !  Parfaitement le genre dont je rêvais, pas vous ?

En plus d’être claire, l’eau était idéalement chaude. Je passai une partie de la journée sur la plage à voguer entre ma serviette et la mer. . Mes seuls camarades de serviette étaient de petits crabes blancs et cette solitude me convenait parfaitement après avoir vécu au milieu de 22 millions d’indiens pendant 3 mois !
Avant le coucher du soleil je regagnai le village n°5 peu rassurée par la pénurie d’essence qui frappait l’île et qui ne me permettait pas d’acheter une nouvelle bouteille de pétrole… La station essence, qui consistait en une baraque en bois au bord de la route, affichait un petit écriteau « No petrol » et des jerricanes vides. Seulement deux cent litres de pétrole arrivaient sur l’île à chaque cargaison, chaque homme d’Havelock avait le droit d’acheter uniquement 2 litres et le ravitaillement n’avait lieu qu’une fois par semaine, le mercredi en l’occurrence. Nous étions lundi… et j’avais déjà consommé un litre à moi toute seule en traversant l’île. J’arrivai heureusement à bon port avant la tombée de la nuit. Bien qu’éloignés de 1000 km du sous-continent, les Andamans suivent le même fuseau horaire que l’Inde, il y fait donc nuit très tôt vers 17h et jour vers 5h du matin. En chemin, j’avais pris la ferme décision de commencer une formation de plongée dès le lendemain pour enfin pouvoir faire de vraies plongées car j’avais déjà 3 baptêmes à mon actif, un 4ème me semblait de trop. Il me fallait 4 jours pour avoir le 1er niveau dont un jour de théorie, un jour d’exercices et 2 jours de plongée, il me restait 4 jours et demi. J’avais envie depuis longtemps de le faire, l’occasion était trop belle, je m’offrai un vrai cadeau de noël avant l’heure : l’Open Water PADI serait bientôt à moi.

Après avoir trouvé un gros crapaud dans ma salle de bain, je fus moins incline à me doucher de nuit. Comme je dormais seule dans une hutte pleine de courant d’air, je jugeai que la douche pourrait attendre le lendemain matin. Peu rassurée, j’essayai de bloquer la porte de ma salle de bain avec un de mes sacs mais le jeu entre la porte et le mur devenait de plus en plus effrayant au fur et à mesure que la nuit s’épaississait. Je partis donc à la recherche des propriétaires pour leur demander secours. Heureusement  « Mam » régla le problème vite fait bien fait et fit déguerpir l’odieux animal. Malheureusement le mal était fait, j’allais passer une partie de ma nuit à guetter le moindre bruit suspect…

Après m’être dit que j’en avais fini avec les cours depuis la fin de mes partiels à Bombay, je pris de nouveau le chemin de l’école en longeant la plage. Dur. La salle de classe avait une superbe vue sur la mer et les cocotiers. Avec pareil décor, il était difficile de se concentrer sur les vidéos PADI démodées mais bientôt grâce à tout ce savoir que j’ingurgitais à grande vitesse, j’allais pouvoir être comme un poisson dans l’eau.
A midi, je m’offris une petite séance de bronzage et un merveilleux curry de crevettes accompagné de chapatis pour me donner du courage pour la suite de l’apprentissage. Après 4h de vidéo, la lecture du manuel, 4 exercices et 4 tests qui m’avaient pris la journée, je pus enfin passer le test final de théorie. Je m’en sortis avec 4 fautes sur 50, j’en avais raz le bol mais l’essayage du matériel avec lequel j’allais m’équiper demain me redonna vite le sourire. Je rentrai par la plage et m’assis quelques instants pour regarder les indiens qui vaquaient à leurs occupations. Des jeunes jouaient au football sur le sable et retenaient l’attention de l’équipe de nettoyage de l’hôtel qui s’était arrêtée de travailler pour l’occasion, une famille profitait de la marée basse pour monter dans un bateau de pêcheurs et se livrait à une séance photo souvenirs. Un couple dont la femme portait une combinaison de plongée intégrale et un paréo sur les hanches se trempait les pieds dans l’eau. Pour la description du bain de minuit vous repasserez ! La lune apparaissait de plus en plus nette et ne se laissait voir en un petit croissance étrangement tourné à l’horizontal.



Pour dîner, je me rendis au petit restaurant près de mon hôtel où je commanda un délicieux milk shake à la banane et commença à rédiger ces quelques lignes. Très vite, une coupure d’électricité me plongea dans une atmosphère magique. Le serveur vint m’apporter une bougie et se servit d’un porte-serviettes comme chandelier. La nuit était noire. En face, un feu brûlait probablement pour éloigner les moustiques et grâce à cette lumière j’apercevais une vache broutant l’herbe non loin de là, j’entendais le chant de petits grillons et insectes qui redoublait d’intensité au fur et à mesure que l’activité se ralentissait et au loin des chansons indiennes s’échappaient des maisons plongées dans l’obscurité. Malheureusement la coupure de courant ne dura pas assez longtemps pour que j’ai le privilège de diner aux chandelles mais la lumière me permis de voir l’image insolite du jour : un Sikh parfaitement enturbanné qui portait des Crocs prit place dans le restaurant. Une image typiquement indienne : mondialisation et religion faisaient bon ménage. Le 3ème soir, ce fut une araignée velue qui m’accueillit dans la salle de bain, ni une ni deux, je grimpa vite fait dans mon lit sur pilotis pour me mettre à l’abri du monstre sous ma moustiquaire géante.




Le matin, je fus réveillée par un coq et des poules qui picoraient une noix de coco devant ma hutte. Afin de me rapprocher du centre de plongée, j’avais décidé d’y prendre une hutte, je partis donc pour mon cours de plongée en « milieu protégé » avec toutes mes affaires sur le dos. Après avoir ingurgité une pancake à la banane et essayé mes équipements, j’étais fin prête pour cette journée d’entrainement. Tout d’abord avec Vivan, une malaysienne qui suivait également ce cours, nous avons appris à préparer et à ranger nos équipements, nous avons ensuite pris un bateau traditionnel en bois en direction de la plage n°3 pour y faire nos exercices. Simuler une panne d’air, la perte de mon détendeur ou une crampe furent une partie de plaisir. Ce fut en revanche moins le cas lorsqu’il fallut que j’enlève mon masque pour le remette en étant sous l’eau. Très forte en coordination des mouvements (…) je faillis m’étouffer car je n’arrivais pas à continuer de respirer dans le détendeur par la bouche en ayant le nez dans l’eau ! J’ai donc un peu bu la tasse par le nez avant de parvenir à chasser l’eau de mon masque. Nous passâmes une partie de la matinée à remorquer son binôme, à se familiariser avec les signes de plongée et à pratiquer tout un tas de règles de sécurité qui nous permettraient d’être plus ou moins indépendantes lors de nos prochaines plongées. Pour l’instant, nous allions faire une 1ère plongée d’exploration pour mettre tout ça en pratique. Elle dura plus d’une demi-heure à 8m, j’avais déjà plongé beaucoup plus profond auparavant mais cette fois-ci je devais maîtriser ma flottabilité pour ne pas couler ou pour ne pas remonter à la surface, contrôler ma quantité d’air restante ou ma profondeur comme une grande. Cette plongée nous donna un bel aperçu de la richesse des fonds marins des Andamans dont des poissons clown, seiches, poissons lions et autres magnifiques créatures. J’étais aux anges et ce n’était que le commencement.

Après la formation, je décidai d’aller me faire dorer la pilule à Elephanta beach. Pour m’y rendre, il me fallait louer un scooter puis marcher pendant une trentaine de minutes. Arrivée devant le sentier de terre qui menait à la plage à travers la jungle, j’éprouvai un petit doute en ma capacité à jouer les Robinsons surtout que j’étais déjà effrayée par deux chiens errants qui me barraient la route. Mais j’avais affronté un singe à Coonoor, il était donc hors de question que je me laisse démonter par si peu. Je pris mon courage à deux mains et attendis tranquillement que les chiens continuent leur route avant d’emprunter l’étroit chemin boueux. Très vite je croisai deux locaux à qui je demandai s’il était possible que je tombe sur des singes ou des serpents en chemin. Ils me répondirent par la négative. Un peu soulagée, je continuai à avancer tout en scrutant scrupuleusement les fougères. Je me saisis d’un bâton pour taper le sol afin d’éloigner les serpents, juste au cas où... J’arrivai en nage à la lisière de la jungle après avoir fait la funambule sur un rondin de bois pour traverser une étendue d’eau boueuse. Le cœur battant à 1000 à l’heure et affolée par le moindre craquement ou cri d’animaux, je déclarai forfait. Je n’étais pas Jane et surtout il manquait Tarzan pour que je réussisse l’expérience. Faire la jungle en solitaire, j’avais tout simplement visé trop haut cette fois. Je me consolai donc avec la plage N°7 où je peaufinai mon bronzage et observa crabes et Bernard L’Hermite en attendant le coucher du soleil. Ce fut une belle compensation.



A partir de 16h30, le soleil commença à décliner et donna au ciel des splendides variations de roses, bleus et jaunes. De nombreux indiens s’étaient pressés sur la plage pour assister à ce magnifique spectacle. Après Mumbai, les iles Andamans étaient sans doute le lieu qui caractérisait le mieux les écarts de richesse qui peuvent exister en Inde. D’un côté, il y avait ces couples de jeunes mariés ou ces familles fortunées habillées à l’occidentale qui venaient ici pour pratiquer tout un tas d’activités. Plongée, location de jeep, restaurants, chambres luxueuses avec vue sur la mer, rien n’était trop beau pour eux, ils avaient amassé suffisamment d’argent pour se payer des vacances de rêve et ils comptaient bien le montrer. Déjà sur place, ils arboraient fièrement les t-shirts de leur centre de plongée alors que la plupart ne savaient pas nager… De l’autre côté, il y avait ces réfugiés de la partition qui avaient fuit le Bengale lorsque les hindous y furent persécutés. Ils avaient trouvé de la terre à cultiver ici et en avaient fait leur gagne pain. Entre deux resorts, il était commun de voir des femmes en sari en train de préparer les légumes avant de les porter au marché. L’Inde changeait si vite, je me demandais pendant encore combien de temps ces femmes seraient là…



 Je me rendis au marché où je me promena entre les étals de fruits et légumes, je m’assis boire un chai dans une échoppe, je fis quelques courses dont du produit anti-moustique local et je commanda un veg frankie (sorte de crêpe fourrée aux légumes) au bord de la route… Bref, je savourais les petits plaisirs à l’indienne.


Le lendemain était un grand jour, j’avais deux plongées de prévu pour mettre en pratique ce que j’avais appris les jours précédents. Le 1er site de plongée était à 1h40 de la plage n°5 d’Havelock, nous primes donc une sorte de joli chalutier en bois pour nous y rendre. La sortie en bateau valait le déplacement en soit, nous voguions au milieu d’un archipel à couper le souffle et nous étions seuls dans ce paradis. Durant toute la traversée nous n’avons croisé qu’un seul bateau et aperçu au loin un ferry qui faisait la navette entre Port-Blair, la capitale, et Havelock. Les îles qui nous entouraient étaient désertes et seule la jungle y régnait avec une puissance absolue. Des endroits préservés existaient donc encore sur terre et j’allais pouvoir y goûter lors de ma 1ère plongée de la journée à white house rock.

Je fus d’abord impressionnée par la quantité de plancton présent dans l’eau car je n’en avais jamais vu en Méditerranée, je comprenais maintenant pourquoi nos mers étaient si vides, nos poissons n’ont tout simplement rien à manger ! Arrivée à 12 m, je cru être tombée dans un aquarium ! Tout autour de moi des milliers de petits poissons colorés vaquaient à leur occupation. Des poissons clown jouaient dans leur anémone, des poissons lions zébrés noirs et blancs se cachaient sous des rochers, des rascasses essayaient de se dissimuler sur le sable, des poissons perroquets (verts, bleus, violets et jaunes à la fois) se lançaient dans une course poursuite, des poissons jaunes, noirs et blancs nageaient majestueusement, des poissons « grogneurs » jaunes et marrons se déplaçaient en famille etc... C’était un défilé incessant de couleurs, de formes et de matières, j’en prenais plein les yeux, je n’avais jamais vu ça et pourtant je n’en étais pas à ma 1ère plongée en eau tropicale. Je fus surtout impressionnée par les coraux qu’il y avait sur ce site. Partout il y avait des gorgones, ces coraux qui ressemblent à des petits arbres ou à des feuilles nervurées, il y avait également beaucoup des tiges de coraux faisant penser à des lianes sous marines, des sortes de tubes si gros qu’on pouvait y fourrer notre bras entier, des coraux mouvants dits « mous » violets ou bleus ou encore des éponges. Attention ne vous trompez pas, ces éponges n’ont rien à voir avec celles avec lesquelles on se lave ou avec leur ami Bob, il s’agit en fait de coraux de couleur souvent rouge qui semblent également un peu mous. Je redécouvrais un monde magique que la plupart des gens ne verraient jamais, je mesurais et savourais ma chance.

L’après-midi, je plongeai sur une épave échouée là dans les années 30 qui servait de maison à de nombreux poissons. Je vis de plus gros poissons comme des Giant Trevally (ne me demandez pas comment ça s’appelle en français mais c’est une sorte d’énorme daurade argentée), des poissons tuyau de pipe qui ressemblaient à des hippocampes écrasés ou des méchantes murènes qui avaient l’air un peu ensuquées par l’eau chaude. Je passai entre les fenêtres du navire, tenta de m’asseoir sur des toilettes tombés sur le fond et je m’arrêtai au nail bar de madame la crevette nettoyeuse. J’en étais à ma 3ème plongée, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Enfin pas tout à fait, l’eau était à 28°C et j’avais une combinaison intégrale mais en bonne frileuse que je suis, j’avais tout de même un peu froid ! Remorquer ma monitrice qui me simula un malaise une fois remontées à la surface finit par venir à bout du peu de force qui me restait mais eu l’avantage de me réchauffer. Dès mon retour à terre je me précipitai dans ma hutte où je dormis durant 11h, ça n’a pas l’air comme ça mais la plongée ça crève !



Le jour suivant se déroula un peu de la même façon, je plongeai la 1ère fois de la journée à South Button, une minuscule île perdue au milieu de l’archipel qui était survolée par des aigles majestueux. Une perle. Je descendis jusqu’à 18m la limite de profondeur à laquelle je pouvais aller avec mon certificat. Je réussis avec brio l’épreuve du masque que je parvins à enlever et à remettre sans m’étouffer cette fois. Je vis mon 1er poulpe, des gros poissons chauve-souris, des poissons Napoléon, des bans de poissons multicolores et encore bien d’autres. L’après-midi, je fis la rencontre d’un ban d’énormes barracudas, autant vous dire que je n’en menais pas large, c’est le cas de le dire ! Partout il y avait de superbes étoiles de mer bleues, blanches ou rouges, des poissons en train de pondre et des bébés poissons qui semblaient dans leurs premiers jours de vie. Un beau spectacle.
Au retour, je reçus mon certificat attestant de ma réussite du niveau Open Water PADI, j’étais officiellement devenue une vraie plongeuse mais malheureusement mon séjour au paradis touchait à sa fin… Demain un ferry me ramènerait à Port Blair où je prendrais l’avion direction Chennai puis le taxi pour Mamallipuram où j’accueillerais une famille de touristes bien connus. 




Mon réveil fut très matinal, il faisait encore nuit dehors j’en profitai donc pour aller me dégourdir les jambes sur la plage et pour admirer le lever du soleil. Quelques indiens étaient également réveillés, certains se baladaient suivis par quelques chiens errants, d’autres se baignaient ou du moins se couchaient dans l’eau pour se mouiller un peu car je les soupçonnais de ne pas savoir nager et d’autres faisaient leurs ablutions en priant face au soleil levant. Je restai là pendant près d’une heure à observer les changements de couleurs dans le ciel au fur et à mesure que le soleil pointait son nez. Une belle image pour finir ces somptueuses vacances. 




dimanche 16 décembre 2012

La fin de Bombay est proche...

Chers tous,

3 mois et une semaine se sont écoulés depuis que j'ai atterrit à Bombay, et demain dès l'aube, je partirai... 

J'ai vécu (survécu) à cette ville de 22 millions d'habitants, la 5ème ville la plus peuplée du monde, j'y ai vécu de nombreuses aventures et rencontré de nombreuses personnes. 
Certaines expériences auront marqué ma vie à jamais et je ne saurais vous dire combien j'ai appris, combien j'ai changé depuis mon arrivée ici. 

J'ai quelques articles de retard au sujet de cette ville tentaculaire, j'espère profiter de mes vacances aux îles Andamans pour les écrire..
Plages de sables, poissons multi-colores, cocotiers, éléphants sur la plage m'attendent là-bas ainsi qu'un peu de calme que j'attends avec impatience...

A très vite 

Vérane 

mercredi 12 décembre 2012

Se marier comme dans un Bollywood

L’Inde est certes le pays des Maharajas, des épices et des éléphants mais il est aussi celui du mariage !  Les cérémonies y sont les plus féériques (kitchs ?), le taux de divorce y est l’un des plus bas du monde (2%) et c’est à Bollywood que l’on tourne les films les plus romantiques. 

Pour vous mettre dans l’ambiance pour ce qui va suivre, je vous propose de regarder ce clip extrait du film Jab tak hai jaan que nous sommes allés voir au cinéma: http://www.youtube.com/watch?v=VAt6TO2gdko. Ce Bollywood raconte l’histoire d’un couple que tout oppose mais dont l’amour, plus fort que tout, arrive à surmonter tous les obstacles. Cliché à souhaits mais les indiens adorent, et nous aussi (moi en particulier) ! 

Décemment nous ne pouvions pas quitter Bombay sans vivre un conte de fée Made in India. Mais comment faire pour se faire inviter ? Nous avions bien pensé à aller à l’un des gigantesques mariages qui ont lieu dans les five star hôtels de la ville et faire comme si nous étions sur la liste des nombreux invités…mais nous n’avions pas l'air très locales… or le meilleur moyen pour des occidentales d’assister à un mariage indien, c’est d’y servir !

Après de nombreux ratés, Kiran, notre « agent » nous avait promis que cette fois serait la bonne et ce fut le cas !  A 17h, il devait venir nous chercher à Andheri station pour filer vers le nord de Bombay où se déroulait la cérémonie. Kiran nous avait demandé de nous habiller en robe et talons noirs, malheureusement, aucune d’entre nous n’avait la panoplie complète mais le gros sac en plastique qu'il portait ne laissait aucun doute sur le sujet, nous allions devoir nous changer, la question qui subsistait était pour porter quoi ? On s'imaginait déjà en saris magnifiques...

La voiture nous emmenait vers le nord à toute allure et nous apercevions les montagnes qui entouraient Bombay dont nous n’avions jamais vu les contours. Partout de géants buildings poussaient comme des champignons et ce à perte de vue, ce qui renforçait notre impression de vivre dans une ville sans fin. Au bout de 30 minutes nous arrivions à peine dans le quartier où devait se dérouler les noces mais nous n’étions pas au bout de nos peines... Il nous fallut pas moins d’1h30 pour trouver le lieu à cause des bouchons et des étoiles… En effet, depuis quelques jours les astres étaient positionnés de manière favorable pour les mariages, ainsi, toutes les cours d’école, gymnases, hôtels ou autres lieux de réception du quartier s’étaient transformés en palais des milles et une nuit éphémères, il était donc quasiment impossible de trouver où était le bon mariage… Des guirlandes électriques et des porches de tissus symbolisaient l’entrée du lieu de réception mais d’un mariage à l’autre cela se ressemblait tellement qu’on ne parvenait plus à les différencier. Kiran se refusait d’utiliser tout GPS et ne connaissait pas le nom des mariés ce qui ne facilitait pas les choses...

L'entrée planta tout de suite le décor mais c'est uniquement quand on pénétra dans la cour qui abritait le mariage qu'on comprit l'ampleur de ce mariage annoncé par Kiran comme étant un petit mariage avec seulement 800 convives...Une marée de chaises se tenaient devant une scène monumentale digne d'un concert ou d'un show télévisé...



Un mariage indien dure plusieurs jours et ce soir il ne s'agissait uniquement d'une réception avec une partie de la famille de la mariée. Un spectacle de plus de 3 h était organisé dans lequel la mariée jouait le rôle principal, celui de la princesse pour qui son conte de fée va bientôt se réaliser.
Danseuses occidentales, décoration délirante, écrans géants, présentatrice de télé, troupes de danseurs et potiches de services (nous :)), rien n'était trop beau pour cette grande réception.





Des dizaines et des dizaines de plats différents étaient proposés aux invités. Il y avait des stands représentant les cuisines de l'Inde, mais également un stand japonais, thaïlandais, italien et plus étonnant, un stand suisse proposant de la fondue.

On y trouvait de tout mais il ne fallait pas espérer trouver de la viande et encore moins de l'alcool. Il est d'usage de servir des plats uniquement végétariens lors des mariages en respect pour les dieux.





Notre stand était celui des soupes, c'était surtout le plus proche des invités pour que tout le monde puisse voir que les mariés avaient les moyens de payer des françaises pour le service.
Obligées de mettre une robe noire plutôt courte et des talons (et non pas des saris) nous étions de vrais objets de décoration. Notre job consistait à donner un bol au cuisinier qui le remplissait de soupe et nous le redonnait pour qu'on puisse servir les convives. Passionnant me direz-vous.. et bien oui, cela nous a permis de profiter du spectacle, de parler en cachette aux serveurs, étonnés de vous voir là  et qui n'avaient pas le droit de nous adresser la parole, mais surtout d'observer les indiens de plus près. Habitués à être servis, les indiens de haut rang ont peu de considération pour les serveurs, aucun bonjour, ni merci, la plupart du temps ils se contentaient de montrer avec supériorité la soupe qu'ils souhaitaient.



Le clou du spectacle fut l'arrivée fracassante de la mariée sur une plateforme actionnée par des vérins hydrauliques, entrée digne de Céline Dion au Stade de France pour la chanson My heart will go on.
Vêtue d'une robe blanche couverte de strass brillants de mille feux, elle descendit un escalier très Miss France crée pour l'occasion. Sur chaque marche, un jeune homme l'attendait avec une rose rouge à la main, ce qui fait qu'en bas de l'escalier, elle disposait d'un magnifique bouquet.
Ahhhhh que c'est romantique..
Quelle fille n'a jamais rêvée d'être une vraie princesse pour le jour de son mariage?
En Inde, nous savons désormais que c'est possible !

Malheureusement, ces mariages de contes de fées cachent parfois une réalité bien plus dure quand on sait qu'en Inde  de nombreux mariages sont encore arrangés.
Était-ce le cas de celui-ci? Impossible de le savoir...


mardi 11 décembre 2012

Jour 9 : Cochin et ses filets chinois bondés de touristes


Le trajet dura une petite heure durant lequel nous planifiâmes d’aller voir un spectacle traditionnel Kéralais, le Katakali, dès notre arrivée. Le timing était serré, nous n’avions qu’une heure pour nous y rendre et nous ne connaissions pas la ville mais nous étions confiants. Malheureusement nous perdîmes un temps précieux pour trouver un rickshaw à la gare de Cochin car il fallait faire la queue au « pre paid counter » pour en obtenir un et il y avait foule. Je partis donc à la recherche d’un rickshaw dans une rue parallèle à la gare qui accepta de nous prendre avant de me dire « par ici, venez dans cette rue » Toujours chargés, on s’avança dans la fameuse rue où l’on tomba nez à nez avec un policier qui s’énerva et nous demanda ce qu’on essayait de faire. On comprit alors qu’il était strictement interdit de prendre un rickshaw sans avoir de ticket dans cette zone. Où étions-nous ? Cette sur organisation inhabituelle était choquante ! Heureusement entre temps, la queue avait disparu, on pu donc obtenir nos tickets sans mal. Il nous restait 52 minutes… Un énorme bouchon s’était formé le long de la voie ferrée ce qui nous stoppa un bon moment.

Cela nous permis néanmoins d’assister à un beau coucher du soleil et de faire la connaissance de notre 1ère conductrice de rickshaw.
On arriva en nage au spectacle qui avait déjà commencé depuis quelques minutes mais de suite nous étions plongés dans l’ambiance du Katakali… 5 personnes étaient sur scène dont 3 musiciens qui jouaient des cymbales et du tambour et 2 étranges personnages maquillés d’une drôle de façon qui faisaient des mimiques hors du commun. L’un d’eux était maquillé en vert, on dirait dit un mix entre Shrek et un gros biscuit au wasabi et l’autre avait le visage peint en jaune de manière un peu effrayante. 


Parés de somptueux costumes, ces oiseaux rares bougeaient très peu sur scène mais utilisaient leurs mains et une multitude de muscles du visage pour laisser transparaître les émotions et cela marchait à merveille. Sur le rythme endiablé des cymbales, le spectacle racontait une histoire d’amour se terminant mal… enfin si on a bien compris… Car on apprendra plus tard que chaque grimace et chaque geste avaient leur signification et que les comprendre permet de suivre l’histoire comme s’il s’agissait d’un dialogue. Il y en a des centaines…et certaines mimiques sont vraiment très dures à réaliser, y en a qui ont essayé.
Je vous souhaite bon courage pour l’apprentissage !
Le soir on se rendit dans le quartier juif de Cochin qui était désert où une coupure de courant nous obligea à dîner aux chandelles un repas délicieux. Quel supplice ! Au retour on battit notre record absolu : on rentra à 9 dans un rickshaw et pour y parvenir avec Lucile nous étions dans le coffre les pieds ballants à l’extérieur du rickshaw « cachées » sous la bâche en plastique permettant de fermer le coffre. On y fit une étrange découverte, une espèce de mannequin en plastique version années 30 qui n’avait rien à faire là qui gisait au fond du coffre, cela nous fit beaucoup rire, sacrée Incredible India !

Le lendemain nous partîmes visiter les fameux filets chinois de Fort Cochin… et quelle déception ! L’endroit était bondé de touristes de la pire sorte ! Un bateau de croisière venait juste de s’amarrer et vomissait des hordes de touristes irrespectueux, prêts à payer n’importe quel prix pour acheter des babioles négociées à la va vite en dollars. On avait l’air fin après avec nos marchandages pour 10 roupies… Par groupe, ils se précipitaient sur les carrelets chinois pour assister à la démonstration de pêche, se hâter de prendre des photos, payaient et repartaient aussitôt vers un autre site touristique… Le genre de tourisme auquel on était plus du tout habitué… Surtout que chacun avait son étiquette avec le numéro de son groupe inscrit dessus et chaque groupe avait son indien munit d’un panneau qui guidait les moutons dans la ville. Ils faisaient escale en Inde pour 2 jours ! Wahouuuuuuuuu ! Les chanceux, ils allaient pouvoir dire « je suis allé en Inde » !

Mais… Les touristes n’étaient pas la seule déception que m’apporta Cochin… On a tous vu ces belles photos des filets chinois de Cochin et je peux désormais vous dire que Photoshop y est pour quelque chose car en réalité juste derrière ces filets, on aperçoit sur l’autre côté de la rive une usine chimique et un port industriel devant lesquels passent sans cesse d’énormes porte conteneurs ou de gros paquebots. Ça casse le mythe de la pêche ancestrale… Bien pollué le poisson ! Néanmoins ces filets s’avéraient extrêmement efficaces, il suffisait de plonger le filet dans l’eau pendant 2 minutes pour remonter une dizaine de poissons bien frétillants.

Après tout ça, on eut besoin d’un peu d’authenticité, on alla donc prendre le petit déjeuner dans une petite échoppe de rue située juste derrière les grands hôtels de la ville. On y découvrit la (ou le ?) parota, un pain indien au même titre que le nan ou chapati mais qui est typique du Sud de l’Inde et qui ressemble, à s’y méprendre, à une crêpe. On en mangea avec du dal (« soupe » de lentilles) et un curry de pois chiche avant de les déguster à notre manière, c'est-à-dire trempées dans du sucre et accompagnées d’un délicieux Chai. C’était un vrai régal et pourtant ce boui boui ne payait pas de mine! On était bien sur les seuls blancs ce qui nous plaça au centre de toutes les attentions et nous donna l’occasion d’échanger avec des locaux. Ce petit déjeuner nous avait réconcilié avec la vie, on était donc prêt pour le prochain arrêt touristique : le quartier juif et sa fameuse mosquée, la plus grande d’Inde, si ce n’est d’Asie. Là encore on retrouva les mêmes touristes… On se promena une bonne partie de l’après-midi dans les bazars sous un soleil de plomb avant de retourner sur le lieu du Katakali pour assister à la séance de maquillage que nous avions ratée la veille. Il fallut plus d’une heure et beaucoup de concentration pour préparer le maquillage du Wasabi. Le maquilleur avait des mains d’orfèvre et agissait avec une précision incroyable pour fixer la collerette du personnage qui semblait tenir comme par magie hier.


lundi 10 décembre 2012

Jour 7 & 8 : Bullons dans les backwaters

A notre arrivée à Allepey, nous eûmes la confirmation d’une rumeur que nous avions entendue à Varkala : les rickshaws étaient en grève pour protester contre l’augmentation du prix du pétrole dans le Kerala… Sans rickshaw et avec nos gros sacs à dos, se rendre à notre guest house devenait compliqué. Heureusement le propriétaire se proposa de venir nous chercher…en moto ! On était 10, j’avais hâte de voir comment ça allait se goupiller. Quatre indiens nous attendaient devant la gare avec leur moto dont le propriétaire Johnson qui avait comme beaucoup d’indiens ayant les cheveux blancs une teinture rouge-orangée somptueusement ratée. Quatre d’entre nous grimpèrent sur la moto en partant légèrement en arrière tant nos sacs étaient lourds, nous avons filé comme ça avec notre gros back pack sur le dos et nos petits Eastpack sur le ventre. On était chargé comme des bourriques et à chaque virage je sentais l’inertie de ce poids sur moi que j’essayais de maintenir de toutes mes forces. Plusieurs trajets furent nécessaires pour amener tout le monde à la Guest House qui était… complète ! Johnson allait donc nous emmener avec sa voiture à son autre Guest House située sur les backwaters, en retrait du centre d’Allepey sur une île nommée « Romance » par laquelle on ne pouvait accéder seulement par bateau.

Il faisait nuit noire lorsque le 1er convoi, duquel je faisais partie, arriva au quai où un « cannoo » (grosse barque en bois) nous attendait. Malheureusement, nous devions être au complet avant de partir, nous avons donc attendu les autres sur la barque en nous faisant dévorer par les moustiques. Lorsque le 2ème convoi arriva, ils crurent apercevoir un bateau de clandestins, nous étions tapis dans l’obscurité, frigorifiés et essayant de nous protéger des insectes. Ils embarquèrent à leur tour. La traversée prit ensuite une allure de film d’espionnage, nous avancions lentement et sans bruit sur la rivière noire où seules les ombres de palmiers se reflétaient dans l’eau, la scène était surréaliste. Sur le quai de la guest house, des petites lampes à huile nous attendaient sur le bord. Catherine, notre hôte nous avait préparé un bon repas typiquement Keralais : poulet et poisson accompagnés de lady fingers et betteraves cuits dans l’huile de noix de coco. Un délice. La nuit fut paisible, pas un seul bruit ne vint nous réveiller. 

Le matin, on profita du cadre magnifique de cette guest house du bout du monde pour y faire une balade. On rencontra en chemin un homme perché dans un cocotier qui s'accrochait aux branches et pour cause. Il était en train de récolter du Toddy, une sorte de sève du cocotier qui fermente naturellement. Pour le recueillir, il faut inciser une branche et y attacher un récipient pour récupérer cette sève qui avec le soleil se transforme en une boisson alcoolisée. 



Après d’âpres négociations qui n’avaient rien donné, nous avions tout de même décidé de réserver le house boat de Johnson pour passer les prochaines 22h sur les fameux backwaters ! Les backwaters sont des canaux de navigation et d’irrigation de 4-5 m de profondeur autour desquels toute la vie de la région s’articule.




On les emprunte pour se rendre à l’église...


Pour aller aux magasins...


Ou pour aller à l'école... 



On s’y rend par barque privée ou par « bus boat » qu’on attend à des « boat stop » sponsorisés par Vodafone...



Les hommes y pèchent au filet ou avec un bâton...


 Les femmes y lavent leur linge...



Des hommes y font transiter leurs marchandises...



Des gens cultivent du riz dans les champs environnants...



D’autres s’y lavent… 



Certains se la coulent douce...


et les touristes s’y baladent en house boat…



Notre bateau fait de nattes tressées était énorme. Il possédait une très grande pièce à vivre autour de laquelle étaient suspendues des chaises à balancelle avec vue sur les canaux. Il y avait également un double pont pourvu d’un grand matelas sur lequel j’élus domicile. Je passa la journée le nez à moitié dans mon livre, à moitié en l’air à regarder le magnifique paysage défiler sous mes yeux. La navigation nous permettait de découvrir de somptueux canaux bordés de cocotiers et couverts de nénuphars. De temps en temps nous croisions une famille indienne sur un autre house boat qui nous saluait. Parfois un des équipiers nous apportait limonade ou beignet de banane. La vie était dure… A 17h, lorsque le soleil commença à décliner nous primes le chemin du retour par le canal principal qui était embouteillé à cette heure, en effet, la saison touristique battait son plein en cette période de vacances de Diwali. Malgré le bruit généré par les autres house boat, on profita pleinement du coucher de soleil qui alla se coucher derrière un champ de palmiers. 






On revint s’ancrer au point de départ où on nous servit un excellent repas végétarien sur le bateau, s’en suivit ensuite une partie de cartes avant d’aller se coucher à terre pour certains et sur le bateau pour d’autres.


Le réveil fut matinal pour continuer notre navigation sur les backwaters. J’eus une sacrée surprise en me levant car une fourmilière s’était installée dans mon sac à dos pour y déguster mes chaussettes sales et une partie du thé que j’avais acheté à Ooty ! Je fus vite consolée par le copieux petit déjeuner qu’on nous servit à bord. On fut gâtés : omelette, toasts beurrés et pâte sucrée roulée dans une feuille de bananier fourrée à quelque chose d’inidentifiable mais bon bien que très bourratif. Nous empruntâmes ensuite des canaux secondaires bien plus sauvages que ceux de la veille où l’on ne croisa pratiquement personne de la matinée. Cette partie reculée était vraiment splendide.

A midi, nous fumes débarqués à Allepey où nous nous rendîmes à la gare pour prendre notre dernier train direction Cochin !