lundi 10 décembre 2012

Jour 7 & 8 : Bullons dans les backwaters

A notre arrivée à Allepey, nous eûmes la confirmation d’une rumeur que nous avions entendue à Varkala : les rickshaws étaient en grève pour protester contre l’augmentation du prix du pétrole dans le Kerala… Sans rickshaw et avec nos gros sacs à dos, se rendre à notre guest house devenait compliqué. Heureusement le propriétaire se proposa de venir nous chercher…en moto ! On était 10, j’avais hâte de voir comment ça allait se goupiller. Quatre indiens nous attendaient devant la gare avec leur moto dont le propriétaire Johnson qui avait comme beaucoup d’indiens ayant les cheveux blancs une teinture rouge-orangée somptueusement ratée. Quatre d’entre nous grimpèrent sur la moto en partant légèrement en arrière tant nos sacs étaient lourds, nous avons filé comme ça avec notre gros back pack sur le dos et nos petits Eastpack sur le ventre. On était chargé comme des bourriques et à chaque virage je sentais l’inertie de ce poids sur moi que j’essayais de maintenir de toutes mes forces. Plusieurs trajets furent nécessaires pour amener tout le monde à la Guest House qui était… complète ! Johnson allait donc nous emmener avec sa voiture à son autre Guest House située sur les backwaters, en retrait du centre d’Allepey sur une île nommée « Romance » par laquelle on ne pouvait accéder seulement par bateau.

Il faisait nuit noire lorsque le 1er convoi, duquel je faisais partie, arriva au quai où un « cannoo » (grosse barque en bois) nous attendait. Malheureusement, nous devions être au complet avant de partir, nous avons donc attendu les autres sur la barque en nous faisant dévorer par les moustiques. Lorsque le 2ème convoi arriva, ils crurent apercevoir un bateau de clandestins, nous étions tapis dans l’obscurité, frigorifiés et essayant de nous protéger des insectes. Ils embarquèrent à leur tour. La traversée prit ensuite une allure de film d’espionnage, nous avancions lentement et sans bruit sur la rivière noire où seules les ombres de palmiers se reflétaient dans l’eau, la scène était surréaliste. Sur le quai de la guest house, des petites lampes à huile nous attendaient sur le bord. Catherine, notre hôte nous avait préparé un bon repas typiquement Keralais : poulet et poisson accompagnés de lady fingers et betteraves cuits dans l’huile de noix de coco. Un délice. La nuit fut paisible, pas un seul bruit ne vint nous réveiller. 

Le matin, on profita du cadre magnifique de cette guest house du bout du monde pour y faire une balade. On rencontra en chemin un homme perché dans un cocotier qui s'accrochait aux branches et pour cause. Il était en train de récolter du Toddy, une sorte de sève du cocotier qui fermente naturellement. Pour le recueillir, il faut inciser une branche et y attacher un récipient pour récupérer cette sève qui avec le soleil se transforme en une boisson alcoolisée. 



Après d’âpres négociations qui n’avaient rien donné, nous avions tout de même décidé de réserver le house boat de Johnson pour passer les prochaines 22h sur les fameux backwaters ! Les backwaters sont des canaux de navigation et d’irrigation de 4-5 m de profondeur autour desquels toute la vie de la région s’articule.




On les emprunte pour se rendre à l’église...


Pour aller aux magasins...


Ou pour aller à l'école... 



On s’y rend par barque privée ou par « bus boat » qu’on attend à des « boat stop » sponsorisés par Vodafone...



Les hommes y pèchent au filet ou avec un bâton...


 Les femmes y lavent leur linge...



Des hommes y font transiter leurs marchandises...



Des gens cultivent du riz dans les champs environnants...



D’autres s’y lavent… 



Certains se la coulent douce...


et les touristes s’y baladent en house boat…



Notre bateau fait de nattes tressées était énorme. Il possédait une très grande pièce à vivre autour de laquelle étaient suspendues des chaises à balancelle avec vue sur les canaux. Il y avait également un double pont pourvu d’un grand matelas sur lequel j’élus domicile. Je passa la journée le nez à moitié dans mon livre, à moitié en l’air à regarder le magnifique paysage défiler sous mes yeux. La navigation nous permettait de découvrir de somptueux canaux bordés de cocotiers et couverts de nénuphars. De temps en temps nous croisions une famille indienne sur un autre house boat qui nous saluait. Parfois un des équipiers nous apportait limonade ou beignet de banane. La vie était dure… A 17h, lorsque le soleil commença à décliner nous primes le chemin du retour par le canal principal qui était embouteillé à cette heure, en effet, la saison touristique battait son plein en cette période de vacances de Diwali. Malgré le bruit généré par les autres house boat, on profita pleinement du coucher de soleil qui alla se coucher derrière un champ de palmiers. 






On revint s’ancrer au point de départ où on nous servit un excellent repas végétarien sur le bateau, s’en suivit ensuite une partie de cartes avant d’aller se coucher à terre pour certains et sur le bateau pour d’autres.


Le réveil fut matinal pour continuer notre navigation sur les backwaters. J’eus une sacrée surprise en me levant car une fourmilière s’était installée dans mon sac à dos pour y déguster mes chaussettes sales et une partie du thé que j’avais acheté à Ooty ! Je fus vite consolée par le copieux petit déjeuner qu’on nous servit à bord. On fut gâtés : omelette, toasts beurrés et pâte sucrée roulée dans une feuille de bananier fourrée à quelque chose d’inidentifiable mais bon bien que très bourratif. Nous empruntâmes ensuite des canaux secondaires bien plus sauvages que ceux de la veille où l’on ne croisa pratiquement personne de la matinée. Cette partie reculée était vraiment splendide.

A midi, nous fumes débarqués à Allepey où nous nous rendîmes à la gare pour prendre notre dernier train direction Cochin !

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