mardi 11 décembre 2012

Jour 9 : Cochin et ses filets chinois bondés de touristes


Le trajet dura une petite heure durant lequel nous planifiâmes d’aller voir un spectacle traditionnel Kéralais, le Katakali, dès notre arrivée. Le timing était serré, nous n’avions qu’une heure pour nous y rendre et nous ne connaissions pas la ville mais nous étions confiants. Malheureusement nous perdîmes un temps précieux pour trouver un rickshaw à la gare de Cochin car il fallait faire la queue au « pre paid counter » pour en obtenir un et il y avait foule. Je partis donc à la recherche d’un rickshaw dans une rue parallèle à la gare qui accepta de nous prendre avant de me dire « par ici, venez dans cette rue » Toujours chargés, on s’avança dans la fameuse rue où l’on tomba nez à nez avec un policier qui s’énerva et nous demanda ce qu’on essayait de faire. On comprit alors qu’il était strictement interdit de prendre un rickshaw sans avoir de ticket dans cette zone. Où étions-nous ? Cette sur organisation inhabituelle était choquante ! Heureusement entre temps, la queue avait disparu, on pu donc obtenir nos tickets sans mal. Il nous restait 52 minutes… Un énorme bouchon s’était formé le long de la voie ferrée ce qui nous stoppa un bon moment.

Cela nous permis néanmoins d’assister à un beau coucher du soleil et de faire la connaissance de notre 1ère conductrice de rickshaw.
On arriva en nage au spectacle qui avait déjà commencé depuis quelques minutes mais de suite nous étions plongés dans l’ambiance du Katakali… 5 personnes étaient sur scène dont 3 musiciens qui jouaient des cymbales et du tambour et 2 étranges personnages maquillés d’une drôle de façon qui faisaient des mimiques hors du commun. L’un d’eux était maquillé en vert, on dirait dit un mix entre Shrek et un gros biscuit au wasabi et l’autre avait le visage peint en jaune de manière un peu effrayante. 


Parés de somptueux costumes, ces oiseaux rares bougeaient très peu sur scène mais utilisaient leurs mains et une multitude de muscles du visage pour laisser transparaître les émotions et cela marchait à merveille. Sur le rythme endiablé des cymbales, le spectacle racontait une histoire d’amour se terminant mal… enfin si on a bien compris… Car on apprendra plus tard que chaque grimace et chaque geste avaient leur signification et que les comprendre permet de suivre l’histoire comme s’il s’agissait d’un dialogue. Il y en a des centaines…et certaines mimiques sont vraiment très dures à réaliser, y en a qui ont essayé.
Je vous souhaite bon courage pour l’apprentissage !
Le soir on se rendit dans le quartier juif de Cochin qui était désert où une coupure de courant nous obligea à dîner aux chandelles un repas délicieux. Quel supplice ! Au retour on battit notre record absolu : on rentra à 9 dans un rickshaw et pour y parvenir avec Lucile nous étions dans le coffre les pieds ballants à l’extérieur du rickshaw « cachées » sous la bâche en plastique permettant de fermer le coffre. On y fit une étrange découverte, une espèce de mannequin en plastique version années 30 qui n’avait rien à faire là qui gisait au fond du coffre, cela nous fit beaucoup rire, sacrée Incredible India !

Le lendemain nous partîmes visiter les fameux filets chinois de Fort Cochin… et quelle déception ! L’endroit était bondé de touristes de la pire sorte ! Un bateau de croisière venait juste de s’amarrer et vomissait des hordes de touristes irrespectueux, prêts à payer n’importe quel prix pour acheter des babioles négociées à la va vite en dollars. On avait l’air fin après avec nos marchandages pour 10 roupies… Par groupe, ils se précipitaient sur les carrelets chinois pour assister à la démonstration de pêche, se hâter de prendre des photos, payaient et repartaient aussitôt vers un autre site touristique… Le genre de tourisme auquel on était plus du tout habitué… Surtout que chacun avait son étiquette avec le numéro de son groupe inscrit dessus et chaque groupe avait son indien munit d’un panneau qui guidait les moutons dans la ville. Ils faisaient escale en Inde pour 2 jours ! Wahouuuuuuuuu ! Les chanceux, ils allaient pouvoir dire « je suis allé en Inde » !

Mais… Les touristes n’étaient pas la seule déception que m’apporta Cochin… On a tous vu ces belles photos des filets chinois de Cochin et je peux désormais vous dire que Photoshop y est pour quelque chose car en réalité juste derrière ces filets, on aperçoit sur l’autre côté de la rive une usine chimique et un port industriel devant lesquels passent sans cesse d’énormes porte conteneurs ou de gros paquebots. Ça casse le mythe de la pêche ancestrale… Bien pollué le poisson ! Néanmoins ces filets s’avéraient extrêmement efficaces, il suffisait de plonger le filet dans l’eau pendant 2 minutes pour remonter une dizaine de poissons bien frétillants.

Après tout ça, on eut besoin d’un peu d’authenticité, on alla donc prendre le petit déjeuner dans une petite échoppe de rue située juste derrière les grands hôtels de la ville. On y découvrit la (ou le ?) parota, un pain indien au même titre que le nan ou chapati mais qui est typique du Sud de l’Inde et qui ressemble, à s’y méprendre, à une crêpe. On en mangea avec du dal (« soupe » de lentilles) et un curry de pois chiche avant de les déguster à notre manière, c'est-à-dire trempées dans du sucre et accompagnées d’un délicieux Chai. C’était un vrai régal et pourtant ce boui boui ne payait pas de mine! On était bien sur les seuls blancs ce qui nous plaça au centre de toutes les attentions et nous donna l’occasion d’échanger avec des locaux. Ce petit déjeuner nous avait réconcilié avec la vie, on était donc prêt pour le prochain arrêt touristique : le quartier juif et sa fameuse mosquée, la plus grande d’Inde, si ce n’est d’Asie. Là encore on retrouva les mêmes touristes… On se promena une bonne partie de l’après-midi dans les bazars sous un soleil de plomb avant de retourner sur le lieu du Katakali pour assister à la séance de maquillage que nous avions ratée la veille. Il fallut plus d’une heure et beaucoup de concentration pour préparer le maquillage du Wasabi. Le maquilleur avait des mains d’orfèvre et agissait avec une précision incroyable pour fixer la collerette du personnage qui semblait tenir comme par magie hier.


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